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Le cours biblique

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Leçon 2 – Les 11 premiers chapitres de la Genèse

Tu vas maintenant commencer à lire le premier des livres historiques: la Genèse. C’est aussi le premier livre de la «Torah» ou du «Pentateuque». La Genèse se compose de 50 chapitres dont les onze premiers nous parlent de la Préhistoire, de ce qui est arrivé avant Abraham depuis la création du monde, de la création d’Adam et Ève, de leur révolte contre Dieu, jusqu’au déluge avec Noé. Ces onze premiers chapitres forment un bloc distinct du reste de la Genèse et de l’histoire biblique en général. Ils ont fait couler beaucoup d’encre et plusieurs penseurs religieux leur ont consacré des ouvrages.

Dans les onze premiers chapitres, les écrivains sacrés tentent de répondre aux questions concernant le surnaturel et la vie sur terre: d’où vient l’univers? Pourquoi la vie sur terre est-elle difficile? Pourquoi la peine, la douleur et la mort? Les réponses: il y a un Dieu unique et créateur. C’est lui qui créa l’homme heureux, mais celui-ci désobéit et s’éloigna de son Créateur; ce faisant il connut le malheur. Dieu établit alors un plan pour sauver l’homme de sa folie.

À partir du chapitre 12, la Genèse nous parle de l’histoire religieuse proprement dite avec l’apparition d’Abraham que Dieu appela, le premier parmi les hommes, pour établir avec lui un plan visant à sauver de l’ignorance spirituelle tous ceux qui croiraient en ses paroles.

Commence par lire les chapitres 1 et 2 seulement de la Genèse puis reprends la lecture de ce cours. Remarque que la Genèse rapporte deux récits différents de la création, dus aux différentes traditions orales.

Le premier récit de la création (Genèse 1,1 à 2,3)

Tu as dû trouver dans ce récit des points «non-scientifiques». Tu as raison, car la Bible n’est pas un traité de science, mais de spiritualité. Ce qu’on lui demande c’est une précision spirituelle; elle la donne en disant que Dieu est l’unique créateur de l’univers. Qu’Il ait créé en 6 jours ou autrement, ce n’est pas cela qui importe. L’intention de la Bible est de révéler l’existence de l’unique Créateur.

Oser révéler l’existence d’un Dieu unique et créateur, 2000 ans av. J.-C., dans un monde polythéiste et idolâtre, demande un courage extraordinaire. Socrate a été mis à mort 1 500 ans après cette révélation pour avoir cru, en Grèce pays de la philosophie et de la civilisation à cette époque, qu’il n’y a qu’un seul Dieu (appelé par lui «Le Moteur Premier» car il donne le mouvement vital à toute chose). Aujourd’hui même, il existe des sociétés athées qui défendent de parler de Dieu dans des pays à l’avant-garde du progrès scientifique. Il existe encore au XXIe siècle dans les brousses d’Afrique et d’Amérique, des millions de fétichistes polythéistes. Quand tu penses à tout cela, tu peux mieux apprécier à quelles difficultés et à quels dangers s’exposèrent nos ancêtres dans la foi, qui commencèrent à écrire la Bible, il y a trois mille ans, pour révéler l’existence du Dieu unique.

Pour mieux comprendre ce premier récit de la création, tu dois savoir que les écrivains qui l’ont rédigé avaient de Dieu une connaissance très élémentaire et une fausse conception du cosmos. Ils ne savaient de Dieu que son existence et ignoraient que la terre était ronde et tournait autour du soleil.

Ils pensaient que Dieu avait besoin de lumière pour voir clair avant de créer. Il créa donc d’abord la lumière dès le premier jour et «sépara la lumière et les ténèbres. Dieu appela la lumière jour et les ténèbres nuit… premier jour» (Genèse 1,4-5).

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Conception du cosmos

Ce n’est qu’au XVIIe siècle que Galilée découvrit que la terre était une boule et qu’elle tournait autour du soleil. Mais auparavant, les hommes pensaient qu’elle était plate et flottait sur une immense étendue d’eau, stabilisée par 7 colonnes qui s’enfonçaient dans cette eau (1 Samuel 2,8 / Proverbes 9,1).

Pour expliquer la pluie, ils pensaient que de l’eau était emmagasinée très haut dans le ciel, au-dessus du Firmament. Cette eau ne tombait pas sur terre à cause du Firmament qui la soutenait, et qu’ils croyaient être une coupole solide séparant «l’eau qui était au-dessus du Firmament de celle qui était dessous» (Genèse 1,7).

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Vision du monde dans l’Antiquité

Ce Firmament contenait des fenêtres ou des écluses que Dieu ouvrait pour laisser tomber la pluie en son temps. La seule différence entre ce que disaient à ce propos croyants et païens est que ces derniers pensaient que les dieux avaient créé l’univers et ouvraient les écluses du ciel pour laisser passer la pluie.

On croyait encore que le soleil, la lune et les étoiles étaient des divinités. La Révélation expliqua qu’ils avaient été créés par Dieu. Les croyants pensaient qu’ils étaient accrochés au Firmament pour éclairer la terre, tout comme l’on accroche les lampes au plafond.

On ne doit pas demander à la Bible de révéler que la terre est ronde, non plate et que c’est elle qui tourne autour du soleil, non le contraire. La Bible a un but précis: révéler Dieu aux hommes. C’est ce que les écrivains sacrés s’efforcèrent de faire à partir de leur conception du cosmos.

Sachant cela, tu peux mieux comprendre maintenant pourquoi Genèse 1,6 dit que Dieu créa le Firmament «pour séparer les eaux qui sont au-dessous du Firmament des eaux qui sont au-dessus du Firmament». Il n’y a rien de «scientifique» à cela. Le but de l’écrivain est de révéler l’unique Dieu qui créa tout l’univers et que les dieux des mythologies n’ont jamais rien créé, n’existant pas eux-mêmes. Il n’y a donc pas un dieu qui créa le soleil, un autre la mer, un autre la lune etc. Le polythéisme est ainsi balayé par la connaissance de l’unique Créateur de l’univers.

Comme certains adoraient le soleil et la lune, les écrivains de la Genèse rapportèrent leur création au 4e jour pour les déprécier aux yeux de leurs adorateurs. Le livre du Deutéronome révèle, en effet, que, même parmi les Juifs, certains adoraient le soleil, la lune et les étoiles (Deutéronome 17,2-3 / 2 Rois 23,5). Remarque que les noms du soleil et de la lune ne sont même pas mentionnés, mais ils sont appelés «les deux grands luminaires:… le grand pour le jour et le petit pour la nuit…». Ici encore, c’est scientifiquement faux de dire que le soleil fut créé le 4e jour, puisque la science démontre que le soleil existait des millions d’années avant la terre. Et comment le soleil serait-il créé le 4e jour quand, d’après la Genèse elle-même, il y avait eu 3 soirs et 3 matins auparavant? Des matins sans soleil? La Genèse dit encore que ces deux luminaires furent créés «pour séparer la lumière et les ténèbres» (Genèse 1,18). Or, le premier jour Dieu avait déjà «séparé la lumière et les ténèbres» (Genèse 1,4). Il faut donc saisir l’intention spirituelle de l’écrivain: révéler que Dieu est l’unique Créateur et abolir le culte idolâtrique du soleil, de la lune et des astres.

Nous arrivons ainsi à un point important: faut-il comprendre la Bible à la lettre (d’après le «sens littéral» du texte) ou en esprit (d’après le «sens allégorique» ou «spirituel» du texte)? Faut-il croire immuablement que Dieu créa en 6 jours de 24 heures, que le soleil fut créé le 4e jour, ni avant, ni après, ou bien faut-il prendre en considération le niveau scientifique de l’époque? Pour nous, ce qui compte c’est le sens spirituel: découvrir ce que Dieu veut nous dire à travers la connaissance partielle, la forme littéraire et le style de l’écrivain sacré de l’époque.

Un écrivain biblique moderne aurait rédigé les récits de la création autrement, en disant par exemple: «Au commencement, Dieu créa des neutrons et des protons évoluant à une température de 100 000 000 degrés centigrades, il y a de cela des millions et des millions d’années. Ces molécules se condensèrent en refroidissant pour former la ‘matière première’ de laquelle Dieu façonna le cosmos. Il en créa d’abord le soleil dont une partie se détacha et se refroidit pour former la terre etc.». Cette manière de présenter la création ne change rien à l’essentiel: c’est toujours Dieu qui a tout créé tout seul. C’est cela qui compte pour la connaissance spirituelle.

Comme certains adoraient les «grands serpents de mer» (requins, baleines, crocodiles, etc.), surtout parmi les navigateurs, Genèse 1,21 vient les mettre, eux aussi, intentionnellement, parmi les animaux créés par Dieu. Aujourd’hui, visant certains asiatiques qui adorent la vache blanche, un écrivain biblique aurait ajouté que cet animal est une créature de Dieu; les lecteurs auraient conclu d’eux-mêmes qu’elle n’a rien de divin et auraient cessé de la vénérer.

Remarque que seul l’homme, parmi toutes les créatures, est à l’image de Dieu (Genèse 1,26). Cette «ressemblance» de l’homme à son Créateur n’est pas physique, mais spirituelle: l’homme est aussi esprit, il n’est pas seulement fait de chair, de sang et d’os. Dieu a doté l’homme d’une conscience, contrairement à l’animal qui vit seulement au niveau de l’instinct. C’est une chute pour l’homme de ne vivre qu’au niveau corporel.

L’élévation de l’homme au plan spirituel fait que celui-ci «domine» sur toute la création animale. Aussi, quand Dieu finit de créer l’homme, et seulement alors, il vit «que tout ce qu’il avait fait était très bon», pas seulement «bon» comme pour les autres créatures. L’homme est donc le but de la création de l’univers (Genèse 1,31).

As-tu remarqué que, dans ce premier récit, l’homme est créé mâle et femelle, l’homme et la femme étant créés en même temps (Genèse 1,27)? Par contre, dans le second récit, la femme fut créée après l’homme et fut prise de sa côte. Une autre différence entre les deux récits: dans le premier, l’homme est créé le 6ème jour, après toutes les autres créatures; d’après le second récit, l’homme aurait été créé en premier lieu, puis les animaux et, enfin, la femme. Voilà encore un exemple des diverses traditions orales.

Ce qui est commun aux deux récits est l’intention de l’écrivain, à savoir:

  1. C’est Dieu qui créa le premier couple humain. Peu importe le mode de création.
  2. L’homme doit respecter la femme et la traiter en égale car:
    – elle a été créée en même temps que lui (d’après le 1er récit), ou de lui, de sa propre côte, tout près de son cœur (d’après le second récit);
    – l’homme a été façonné de la terre, mais la femme d’une matière plus évoluée: du corps de l’homme.

Ces textes visent donc à promouvoir la femme en des temps où elle était dépréciée. Il ne faut donc pas comprendre à la lettre la création humaine, puisque tu as là deux textes différents. Découvre, à travers ces deux formes, l’enseignement moral: Dieu créa l’homme et la femme égaux pour s’aimer et se respecter l’un l’autre car ils sont faits l’un pour l’autre, l’un complémentaire de l’autre. Et surtout parce qu’ils sont à l’image de Dieu qui est amour, respect et dignité.

Dieu demande au premier couple humain de multiplier et de remplir la terre (Genèse 1,28). C’est pourquoi l’homme, qui doit beaucoup à ses parents, ne doit les quitter que pour vivre avec sa femme, avec qui il ne fait «qu’une seule chair» (Genèse 2,24). C’est cette ambiance d’amour qui doit régner entre les époux qui veulent se garder à l’image de Dieu. Lis ce que Jésus dit à ce propos dans Matthieu 19,1-12, ainsi que les conseils de Paul aux époux dans sa lettre aux éphésiens (Ephésiens 5,21-33). Tu verras plus loin que le premier couple humain va perdre l’image de Dieu en Lui désobéissant. Notre effort vise à reconquérir notre ressemblance au Père divin. Tel est le but de la Révélation divine.

Un dernier point à considérer dans ce premier récit est le «repos» de Dieu le 7e jour (Genèse 2,2-3). Dieu ne se repose pas comme les hommes, car Il ne se fatigue pas comme eux. La mention du repos le 7e jour est destinée aux hommes, pour qu’ils se reposent, eux, un jour par semaine au lieu de passer tout leur temps à se préoccuper de la vie terrestre et à accumuler de l’argent. Dieu invite les hommes à consacrer un jour par semaine pour prendre du recul et penser à la vie spirituelle (Exode 35,1-3).

Le but de ces deux derniers textes de Genèse et de l’Exode est de sauver l’homme du matérialisme, la majorité des hommes ne pensant qu’à l’argent. Certains les ont compris à la lettre, allant croire que Dieu s’est reposé, et se repose encore, tous les samedis et que l’homme ne doit rien faire en ce jour. C’est le cas des Juifs qui interrompent toute activité le samedi, même bonne (culture physique, etc.), jusqu’à une paralysie presque totale (défense aux autobus de circuler, aux avions de décoller, etc.). Ils s’irritèrent contre Jésus parce qu’il guérissait le samedi (le sabbat); Jésus leur répondait que, contrairement à ce qu’ils pensaient, Dieu travaille sans cesse (Jean 5,16-18). En Israël, les Israéliens religieux «respectent» le samedi au point de ne pas marcher plus d’un kilomètre, de ne prendre ni taxi, ni autobus, ni avion. Les intégristes juifs ont obtenu que soit fermé l’aéroport le samedi: ils lapident les autobus en circulation en ce jour. Mais quand il s’agit de prendre l’initiative de la guerre un samedi, ils n’hésitent pas…! Jésus – prédisant les catastrophes qui détruiront Israël – conseilla les Juifs en ces termes ironiques: «Priez pour que votre fuite ne tombe pas un samedi…» (Matthieu 24,20). C’est qu’il faudra alors fuir loin, une distance que ne se permettent pas un samedi ceux qui comprennent la Torah à la lettre… Tel est le danger de l’interprétation littérale: «La lettre tue, mais l’Esprit vivifie», dit Paul (2 Corinthiens 3,6).

Le second récit de la création (Genèse 2,4-25)

J’ai déjà signalé que dans ce récit, la femme fut créée de la côte de l’homme; 3 autres points sont à considérer:

  1. l’Arbre de la connaissance du Bien et du Mal,
  2. Les noms donnés par l’homme aux animaux,
  3. L’état du premier couple humain.

L’Arbre de la connaissance du Bien et du Mal (Genèse 2,17)

Il se trouve au milieu du Paradis et n’est pas une réalité botanique, mais une métaphore, c’est une action ou une attitude que Dieu juge mauvaise et que l’homme doit éviter sous peine d’en subir les conséquences. L’homme doit avoir un certain comportement envers Dieu: une relation filiale affectueuse, simple et totalement confiante. Remarque bien qu’il s’agit d’un arbre «de connaissance», et non point d’une pomme comme certains le pensent. C’est une réalité d’ordre moral, non végétal.

Comment faut-il comprendre la nature de cet «arbre de la connaissance du Bien et du Mal»? C’est le fait d’apprécier soi-même, sans référence à Dieu, ce qui est bien et ce qui est mal, se sentir libre de juger bon ce que le Créateur déconseille. On entend souvent aujourd’hui, des gens dire: «Pourquoi telle action défendue est-elle mal?» Et ils vont jusqu’à conclure au nom de la liberté qu’elle est bien… même si, pour Dieu, elle est mauvaise (drogue, homosexualité, pédophilie, violence, pornographie, etc.).

C’est pourquoi le prophète Isaïe avait dit: «Malheur à ceux qui appellent le Mal Bien et le Bien Mal…» (Isaïe 5,20).

Certains se laissent attirer par le désir ou la curiosité de connaître le Mal, d’en faire l’expérience. Il est utile de connaître le Bien en le pratiquant, mais toujours nocif de se livrer au Mal. Il faut prier pour ne pas «succomber à la tentation» du mal qui sait se rendre séduisant en prenant l’aspect du bien (voir Matthieu 6,13); «Satan lui-même se déguise bien en ange de lumière», dit St Paul (2 Corinthiens 11,14).

L’Arbre de la connaissance du Bien et du Mal représente donc une tentation: désirer se libérer de Dieu pour juger comme lui, être son égal et n’avoir aucun compte à lui rendre, aucun conseil à lui demander, décider soi-même, «comme un adulte», être indépendant de Dieu. Or ce n’est pas dans cet esprit de conflit qu’on vit avec Dieu, mais dans un esprit de collaboration divino-humaine, un esprit d’échange entre père et fils. Nous avons tous besoin du conseil d’un tel ou d’un tel autre; l’homme consulte dans son travail ceux qui sont plus expérimentés que lui et, pour obtenir des diplômes professionnels, il faut avoir l’humilité de passer d’abord par les universités. On ne peut être bon professeur sans avoir été bon élève. On ne peut atteindre la maturité sans passer par l’enfance. Pourquoi donc, quand il s’agit de Dieu, le Maître de la Vie, faut-il penser à prendre son «indépendance» pour juger des choses vitales, souvent si complexes et si délicates? Cette sorte d’indépendance est «un arbre de connaissance» du Mal auquel on ne touche pas impunément. Il faut triompher du désir de cette fausse indépendance, chasser ces idées orgueilleuses si l’on veut bien vivre. Car à trop ruminer une tentation – comme fit Ève dans Genèse 3,6 – l’on finit par tomber dans le piège. Acceptons donc de nous mettre à l’école de Dieu si nous voulons apprendre ce qu’est la vraie vie. Ne soyons ni agent, ni victime du Mal.

Tel est l’enseignement de Genèse 2,17. Son but est de maintenir l’homme dans la mentalité vivifiante de Dieu, l’Esprit Saint.

Les noms sont donnés par l’homme, non par Dieu, aux animaux

Remarque, en effet, que le Créateur ne donne pas leurs noms aux animaux: «Il les amena à l’homme pour voir comment celui-ci les appellerait: chacun devait porter le nom que l’homme lui aurait donné» (Genèse 2,19). C’est une manière d’exprimer la liberté de l’homme et une certaine indépendance qui le rend collaborateur de Dieu, supérieur à l’animal. Ici apparaît un aspect de la collaboration entre Dieu et l’homme dans la gérance du monde, une gérance conseillée par Dieu qui aurait donné le bonheur aux hommes si elle avait été respectée par eux dès le début.

Donner un nom est un acte significatif et important par lequel on établit un lien affectif et intime avec l’être nommé, comme les noms donnés aux animaux apprivoisés que nous gardons à domicile ou, de plus grande importance, celui que nous donnons à nos enfants. Dans le cas de Jean-Baptiste et de Jésus, et parce qu’ils furent envoyés par Dieu, c’est Dieu lui-même qui imposa leur nom dès avant leur naissance (Luc 1,13 / Luc 1,31). Il manifeste ainsi qu’ils sont ses envoyés. Pour nous, il est encore important de connaître le nom d’une personne ou même d’un animal domestique. Tout porte un nom, et ce qui n’est pas nommé n’a pas de valeur. C’est pourquoi les écrivains de la Genèse ne donnèrent pas de nom au soleil ni à la lune quand ils furent créés (Genèse 1,14-19).

L’état du premier couple au Paradis.

Il s’agit de l’état d’âme, la condition psychologique et spirituelle du premier couple. D’après le deuxième récit, Adam, sans Ève, se sentait tout seul: «Il n’est pas bon que l’homme soit seul», dit le Créateur. «Il faut que je lui fasse une aide qui lui soit assortie» (Genèse 2,18). Mais parmi les animaux il ne s’en trouva aucun pour remplir le vide dans son cœur: «Il ne trouva pas d’aide qui lui fut assortie» (Genèse 2,21). L’homme avait besoin d’une personne, d’une compagne avec qui dialoguer et qui soit, comme lui, créée à l’image de Dieu, douée d’intelligence et capable d’amour pour le comprendre. C’est la seule «aide qui lui soit assortie».

Dieu décida donc que l’homme doit être un couple humain, complémentaire l’un de l’autre: masculin et féminin. Décision géniale! Dieu fit la première «opération chirurgicale» sous anesthésie de l’histoire humaine: «Il fit tomber sur l’homme un profond sommeil, prit une de ses côtes et referma la chair à sa place… De la côte Dieu façonna une femme et l’amena à l’homme».

As-tu constaté comment, à la vue de la femme tirée de lui, l’homme s’écria avec enthousiasme, tout joyeux: «Ah, cette fois! (pas comme les autres fois avec la création des animaux), celle-là est l’os de mes os et la chair de ma chair!» L’homme est manifestement heureux de se trouver en face d’un être semblable à lui, une personne d’un autre sexe qui émane de lui.

La première réaction de l’homme est de vouloir donner un nom à cette charmante personne qui se tient là, debout devant lui. Il ne lui demande pas son nom, il sait qu’elle n’en a pas; il la nomme en se référant à lui-même: «Celle-ci, sera appelée Isha (Femme)», car en hébreu «homme» se dit «Ish», «Ish» nomme son complément féminin d’après son nom à lui: «Isha». En français «Isha» donnerait «Hommesse», du mot «Homme». En anglais, le mot «woman» (femme) vient de «man» (homme). Le nom de l’homme est donné exclusivement à sa partenaire humaine. Elle est, contrairement aux animaux, le reflet féminin de son propre visage. Il se reconnaît en elle. Étant sortie de sa chair, «l’homme quitte donc père et mère pour s’attacher à sa femme et redevenir ensemble une seule chair» (Genèse 2,24 / Matthieu 19,3-6).

Ainsi, en s’unissant à sa femme, l’homme se retrouve, s’achève; il replace en lui-même la côte extraite. C’est pourquoi Dieu condamne, dans l’Évangile, ceux qui, à la fin des temps, interdisent le mariage (comme font certains religieux): «L’Esprit (Dieu) dit expressément que, dans les derniers temps, certains renieront la foi pour s’attacher à des esprits trompeurs et à des doctrines diaboliques… Ces gens interdisent le mariage…» (1 Timothée 4,1-3). Ceci ne signifie pas que le mariage doit être une obligation morale: certains trouvent en Dieu le Conjoint auquel leur cœur aspire. Cette union spirituelle avec Dieu est un appel divin fait à tous les hommes; qu’elle se fasse directement, par un célibat librement choisi, ou à travers le mariage. De toute manière, Dieu doit être le Premier Amour; c’est Lui qui oriente ensuite vers le célibat ou vers une union matrimoniale. Il n’y a pas une loi absolue pour ou contre le mariage. À chacun sa vocation, toutes les vocations sont également saintes puisqu’elles sont une mise en pratique de la volonté divine. Le bonheur n’est que le fruit de l’accomplissement de cette volonté.

Dans quel état d’âme était le premier couple au Paradis? L’homme et la femme baignaient dans le bonheur car Dieu les créa purs, innocents, sans tache: leur conscience était tranquille. D’où est donc venu le mal? Aucune mauvaise pensée n’a été mise en eux par le Créateur. Et comment serait-il possible que Dieu, qui est le Bien absolu, ait déposé du mal dans l’âme et la pensée de l’homme créé par lui? Du Bien ne vient que le bien. C’est pourquoi Ish et Isha étaient heureux, sans problème de vie et sans complexes psychologiques qui les rongeaient. En paix avec Dieu et entre eux, «ils n’avaient pas honte l’un devant l’autre» (Genèse 2,25). Ils se regardaient en face sans avoir à rougir d’une pensée indigne de leur état, et pouvaient regarder Dieu en face.

Ce n’est qu’après leur révolte contre Dieu que l’homme et la femme connaîtront la honte. Cette situation règne dans le monde de nos jours encore à cause des mauvais desseins et des comportements injustes des hommes au long des siècles. On ne se regarde plus vraiment en face et l’ombre du mal plane dans la majorité des consciences. Peu d’hommes, par exemple, arrivent à résister à l’attraction de l’argent, de la gloire, du pouvoir, ou à regarder un corps nu sans avoir de désirs malsains, déséquilibrés ou refoulés. Mais au début de l’humanité, ce n’était pas ainsi: l’homme et la femme se regardaient avec vrai, profond et pur amour. Ils étaient immaculés, «nus» de tout péché et revêtus de la grâce de Dieu, vivant en permanence avec le Créateur.

Puisque Dieu créa l’homme dans l’innocence, comment est entré le mal dans le monde? C’est ce que va nous révéler le chapitre 3 de la Genèse. Lis-le avant de continuer ce cours, afin de mieux comprendre les explications qui vont suivre. Mais auparavant, prends conscience de la joie que tu as ressentie en comprenant ce que tu as déjà appris. As-tu senti les poumons de ton âme se dilater et respirer l’oxygène de la joie spirituelle en découvrant la vérité sur des points bibliques qui étaient pour toi obscurs?

La révolte de l’homme contre Dieu (Genèse 3)

Par cette histoire symbolique que tu viens de lire, la Genèse nous apprend comment le mal est entré dans le monde: l’homme a commis l’erreur de croire le diable, au lieu d’écouter les conseils de Dieu. Ici, le serpent symbolise le diable rusé. C’est donc l’homme lui-même qui introduit le mal dans le monde. En effet, lui seul en est responsable. Il préféra croire le diable et négligea le conseil désintéressé de Dieu. Séduit par les perspectives mensongères de cet ennemi, l’homme est devenu l’esclave de Satan. Il a vite répandu les idées nocives et les désirs diaboliques dans les cœurs des générations postérieures. Le diable a eu, désormais ses agents, son engeance, sur terre pour éloigner l’humanité de Dieu. Toute l’histoire du salut consiste à exorciser l’homme en réintroduisant en lui les pensées de Dieu, le libérant ainsi de l’influence diabolique. L’homme libéré du diable parvient à demander ardemment à Dieu: «Que ta volonté soit faite…» et jamais plus la mienne.

Le diable s’est approché de la femme, non de l’homme, car celui-ci, ayant parlé avec Dieu, était plus difficile à séduire. Remarque la ruse avec laquelle le serpent diabolique aborde la femme. Pour s’assurer de ne pas être repoussé par elle, il entame le dialogue avec malice en posant une simple question, mais de manière à déformer le conseil divin: «Est-ce vrai que Dieu vous a dit de ne pas manger de tous les arbres du jardin?» Cette façon de présenter le problème contenait les germes d’une révolte contre Dieu. Satan voulait pousser la femme à la rébellion en lui faisant croire, qu’elle ne devait pas manger de «tous les arbres». Avant l’intervention satanique, le couple humain était satisfait de son sort.

Et la femme d’expliquer au diable: «Nous pouvons manger du fruit des arbres, mais pas de celui qui est au milieu du jardin. Dieu a dit: Vous n’en mangerez pas sous peine de mort». Le démon savait cela! Mais le dialogue était entamé et pour lui c’est cela qui comptait. Ce fut le premier triomphe satanique sur l’humanité. Satan pouvait désormais, après avoir gagné l’oreille de la mère des hommes, poursuivre le dialogue séculaire intérieur avec l’humanité entière. Il continua hardiment à parler à la pauvre imprudente: «Mais non, voyons, vous ne mourrez pas. Au contraire, si vous en mangez, vos yeux s’ouvriront et vous serez alors comme Dieu, connaissant le bien et le mal». La femme fut séduite par l’idée d’être indépendante comme Dieu, de décider elle-même ce qui est bon et ce qui ne l’est pas.

Le pire est que le diable a donné de Dieu une fausse image, celle d’un dictateur jaloux de ses prérogatives, avare de ses privilèges et voulant empêcher l’homme d’évoluer en lui défendant de se nourrir de l’arbre de la connaissance. Or c’est le contraire qui était vrai: Dieu conseille l’homme de ne pas y toucher pour ne pas mourir, mais être immortel comme Dieu: vivant et heureux à jamais. Car la mort de l’homme est due au faux discernement du bien et du mal. Pour être «comme Dieu», nous devons penser «comme Lui», discerner selon Lui. Voilà l’Esprit Saint que Jésus nous a dit de demander à Dieu (Luc 11,13). Cet Esprit nous donne la vie éternelle et, par lui, nous devenons comme Dieu, immortels.

Quelle attitude aurait dû avoir la femme devant les avances du diable? L’indifférence! C’est le plus grand des mépris. Elle aurait dû, au moins, être prudente et demander l’identité de son interlocuteur: «Qui es-tu?». Elle qui était à l’image de Dieu, aurait dû comparer cette image à celle qui lui parlait. C’était l’attitude de Marie, la Vierge de Nazareth, devant l’ange Gabriel: «Elle se demandait ce que signifiait la salutation de l’ange» (Luc 1,29). Si «Isha» s’était demandé ce que signifiaient les paroles de son malin interlocuteur, elle aurait bien embarrassé la maudite vipère. En effet le diable savait bien que Dieu n’avait pas défendu à l’homme de manger de tous les arbres du jardin; la femme aussi le savait; et elle aurait dû se munir de discernement pour confondre le diable. Mais elle fut aveuglée par l’orgueil: devenir comme Dieu. C’est toutefois «comme Dieu» que Dieu lui-même veut nous rendre. Nous ne pouvons le devenir que par lui. L’homme voulait le devenir sans lui. En cela réside sa faute.

La femme succomba et entraîna son mari dans son emportement contre Dieu. Après avoir «mangé» le fruit défendu, leurs yeux à tous les deux s’ouvrirent, en effet, comme le diable l’avait dit à la femme, mais pour constater combien était ridicule la situation dans laquelle ils s’étaient volontairement mis. Ils eurent honte de leur faute réalisant qu’ils ne contemplaient plus la face vivifiante de Dieu, mais le visage cynique de leur séducteur satanique. C’est à ce spectacle désespérant que leurs yeux s’ouvrirent, réalisant qu’ils furent trompés. Jésus est venu pour rouvrir les yeux de ses fidèles sur la Face vivifiante de Dieu: «Heureux les cœurs purs car ils verront Dieu» (Matthieu 5,8).

Cette expérience fut pour le premier couple un choc. Rien n’était plus pareil, tout avait changé entre Dieu et eux et entre eux-mêmes. Ils n’osaient plus ni Le regarder, ni se regarder en face. Ils réalisèrent que leur bonheur était dû à la grâce divine et qu’ils l’avaient perdue. Maintenant ils se sentent nus, dépourvus du bienfait des rayons divins. L’homme a voulu faire l’expérience du mal et il en connut l’amertume. Ce goût amer du néant est dû au retrait de Dieu de l’âme qui lui résiste, la laissant dans la solitude, en proie à la tristesse. Car Dieu se propose, mais jamais ne s’impose.

Le diable réussit à séparer l’homme de Dieu. Ainsi malheur, tristesse et honte furent «le fruit» cueilli par l’homme sur «l’arbre» qu’il ne devait pas toucher. Ces sentiments déprimants sont la source des complexes humains, ils engendrent toutes sortes de déséquilibres: culpabilité, infériorité, fausse pudeur, etc. L’homme essaye souvent de se relever, mais pour tomber dans l’excès contraire: effronterie, orgueil et arrogance, libertinage, etc. L’homme ne peut se redresser sans Dieu.

La chute du premier couple humain est connue comme «le péché originel». Ses conséquences ne se sont pas limitées aux premiers parents, mais contaminèrent leurs descendants. Nous avons tous hérité des tares de ce premier péché, tout comme l’enfant subit les conséquences d’un déséquilibre familial ou social.

La honte étouffait l’homme et la femme jusqu’à rendre leur nudité corporelle insupportable. Les feuilles de figuier dont ils firent un pagne pour s’en revêtir sont symboliques: cacher la faute commise spirituellement en couvrant le corps. Or, c’est au niveau de l’âme que la faute s’est passée. La Bible emploie souvent l’expression «mettre à nu» pour révéler les intentions réelles de l’âme, pour dénoncer les crimes et les fautes (voir Jérémie 13,26 / Lamentations 1,8 / Nahum 3,5 / 2 Corinthiens 5,1-5). L’homme et sa femme ne veulent pas être vus par Dieu dans leur état misérable, alors ils se couvrent le corps. Pour la première fois, ils ont peur de L’affronter. Quand Dieu s’approche d’eux, dans leur conscience souillée, ils détournent les yeux de l’âme, comme tous les coupables qui se sentent découverts. Adam et Ève fuient en entendant Dieu s’approcher, au lieu de courir vers Lui spontanément. Cette fuite devant Dieu a marqué l’humanité: l’homme a peur de Dieu, évite son regard et s’en éloigne. Tel est l’héritage du péché originel.

Constate que ni l’homme ni la femme ne demandent pardon. L’homme jette le blâme sur la femme et, indirectement, sur Dieu Lui-même pour la lui avoir donnée: «C’est la femme que tu m’as donnée qui m’a donné du fruit et j’en ai mangé». Il semble reprocher à Dieu de lui avoir donné la compagne qui faisait sa joie auparavant. La femme, à son tour, fait retomber la responsabilité sur le diable. Cela aurait été si merveilleux si l’homme et sa femme, ensemble, avaient demandé pardon à Celui qu’ils venaient d’offenser: «Une faute avouée est à demi pardonnée», dit-on. Mais l’homme préfère, le plus souvent, se disculper et rendre quelqu’un d’autre responsable de ses fautes.

Adam et Ève… c’est aussi nous! Comment réparer l’erreur? Qui s’en soucie? Quand nous fautons, nous devons nous en excuser. Combien demandent pardon à Dieu du fond du cœur, non du bout des lèvres?

Quelle a été la nature exacte du premier péché humain? Plusieurs commentateurs et interprètes ont cherché à la comprendre. Je pense, comme certains interprètes, que ce fut une tentative humaine d’usurper la souveraineté divine: détrôner Dieu pour régner à sa place, être auto suffisant et décider sans Dieu des affaires de la vie, choisir soi-même ce qui est bien et ce qui est mal, décidant seul de ce qui rend l’homme heureux ou malheureux. L’échec de l’homme lui ouvrit les yeux: il se rendit compte que, sans Dieu, il ne pouvait être pleinement heureux. Il en eut honte. Jésus est venu nous redonner Dieu, nous remettre en sa vivifiante compagnie. C’est pourquoi les prophètes qui L’annoncèrent L’avaient appelé «Emmanuel» qui signifie en hébreu «Dieu avec nous» (Isaïe 7,14 / Matthieu 1,22). Jésus ramène l’homme à Dieu. Il n’y a pas d’autre chemin (Jean 14,6); le pardon divin s’obtient par la foi en Jésus (1 Jean 2,12 / Colossiens 2,13).

Certains pensent que le péché originel était d’ordre sexuel. Cela ne semble pas être le cas puisque Dieu demanda au premier couple de multiplier et de remplir la terre (Genèse 1,28). Toutefois, si ce péché avait pris la forme d’un acte sexuel, c’est que cet acte avait été accompli sans Dieu ou dans un esprit de défi à Dieu, un esprit de pure sensualité, au niveau du simple instinct et du seul plaisir de la chair (comme beaucoup le font dans le monde de la pornographie), excluant les sentiments d’amour profond et de communion spirituelle du couple en Dieu.

Ceci expliquerait pourquoi, après la faute, Dieu dit à la femme: «Ta convoitise (désir sexuel) te poussera vers ton mari…» (Genèse 3,16). Après la faute, ce ne sera plus le cœur qui réglera les relations entre l’homme et la femme, mais le désir sexuel: et désormais l’homme «dominera» la femme, comme nous le constatons dans plusieurs sociétés depuis des temps mémorables. L’harmonie du couple fut rompue, cédant la place à un déséquilibre croissant et difficilement surmontable. Nous constatons ce déséquilibre qui mène au divorce, à la polygamie, à l’adultère et aux situations souvent si dramatiques dans les familles humaines dans le monde entier. Tel est le fruit de l’esprit du diable introduit par l’homme dans le cœur de l’humanité lors du péché originel.

Il ne faut pas croire que seuls nos premiers parents sont responsables de cette faute dramatique: des milliards d’hommes après eux, jusqu’à nos jours, continuent à aggraver la situation, proclamant ainsi leur solidarité avec le péché du premier couple, sans penser à tirer la leçon du passé. Encore, par millions, les hommes résistent à l’Esprit de Dieu, lui préférant leur esprit ou celui de la vipère antique qui dérouta le premier homme.

L’homme moderne, ébloui par la fausse science et gonflé par l’orgueil, s’obstine à croire qu’il peut se passer de Dieu; il veut juger d’après sa petite tête de ce qui est bien pour lui et de ce qui est mal. L’humanité a ainsi abouti à la pollution matérielle et au danger nucléaire qui menacent l’existence même des hommes. La pollution spirituelle est encore plus grave et résulte du fait que l’homme néglige les conseils du Ciel et n’écoute que les suggestions de l’Enfer. Et quand l’homme se porte mal, au lieu de remettre en question son attitude, il en veut à Dieu… qui lui avait pourtant recommandé de ne pas faire ce qui l’a rendu malade et triste. Pense aux drogues et aux homosexuels qui ont manifesté contre Dieu après avoir été atteints de «sida»… Cela ressemble au malade qui refuse de prendre les médicaments prescrits par le médecin; sa maladie s’aggrave et sa colère éclate contre le médecin… au lieu de s’en prendre à lui-même.

Remarque que Dieu ne maudit que le diable, car celui-ci savait bien ce qu’il faisait. Mais l’homme et la femme n’étaient pas pleinement conscients de la gravité et des conséquences de leur acte. Aussi, Dieu laisse-t-il entrevoir un espoir de rachat futur en annonçant que les enfants de la femme prendront leur revanche et triompheront un jour des enfants du diable. Dieu dit en effet au diable: «Tu es maudit entre tous les animaux… Je mettrai l’hostilité entre toi et la femme, entre ta descendance et la sienne. Elle t’écrasera la tête, et toi, tu l’atteindras au talon» (Genèse 3,15). Ce verset est la première annonce de la venue d’une descendance humain – le Messie – qui va sauver les hommes de la prison psychologique et spirituelle dans laquelle les démons les avaient jetés. La femme et sa descendance qui écrasent la tête du diable est la Vierge Marie et son Fils, Jésus, avec tous les siens, les hommes de bonne volonté du monde entier.

Dans sa miséricorde infinie, Dieu donne à l’homme l’occasion de se racheter, de réparer son tort. Cette possibilité est symbolisée par les vêtements de peaux dont le Créateur couvre la nudité de l’homme. Adam et Ève voulaient couvrir leur honte avec des «feuilles de figuier» (Genèse 3,7). Ce vêtement n’est pas résistant. Aussi Dieu, en bon Père, leur offre-t-il «des tuniques de peau et les en vêtit» pour exprimer sa compassion et encourager l’homme à chercher une voie de sortie de sa confusion. Cela permet à ceux qui aiment Dieu de retrouver la route du retour à Lui, sachant qu’Il est compréhensif, qu’Il les aidera à se remodeler à son image perdue par le péché (Romains 5,12-16 / Colossiens 3,10). Car le péché détruit en nous l’image de Dieu. Par le péché, Satan a façonné l’humanité à son image. Jésus est venu redonner à l’homme l’image de Dieu.

Après la chute, «l’homme appela sa femme ‘Ève’, parce qu’elle fut la mère de tous les croyants» (Genèse 3,20). Ce nouveau nom d’Isha indique une situation nouvelle: la femme ne se situe plus d’après l’homme, mais d’après sa grande mission: donner la vie à l’humanité. Car Ève, en hébreu, se dit «Havva», qui signifie «vie». Remarque que le nom de l’homme «Adam», n’est pas mentionné. Plus tard le nom d’Adam lui fut donné par rapport à son origine, car «Adama» en hébreu signifie «terre», «glaise» ou «boue» dont Dieu forma l’homme. D’où son nom «Adam» qui se traduit donc en «Terreux», «Glaiseux» ou «Boueux» par rapport à son extraction. Le nom d’Adam est mentionné pour la première fois dans Genèse 4,25.

Après la chute, l’attitude de Dieu change envers l’homme: avec une pointe d’ironie, il dit de sa créature: «Voici que l’homme est devenu comme l’un de nous; il connaît le bien et le mal!» L’homme mérita cette moquerie. Il mérita aussi d’être éloigné du Paradis avant de commettre encore une bêtise: «Il pourrait étendre la main et cueillir aussi de l’arbre de vie pour en manger et vivre à jamais!…» (Genèse 3,22). Encore une ironie méritée et humiliante. Car l’homme voudrait vivre éternellement… comme Dieu… sans mourir, mais sur terre, et sans avoir à comparaître devant le Juge Éternel. N’est-ce pas là, le désir de beaucoup d’hommes qui recherchent des sérums de longévité? Et par les moyens les plus ridicules: des sociétés embaument à prix d’or les corps des clients intéressés et les gardent dans des frigidaires spéciaux en attendant que soit découvert le produit «miracle» de retour à la vie corporelle, pour l’injecter dans la dépouille et «ressusciter» le client… ravi de retrouver la vie dans ce bas monde… Encore faut-il que ces sociétés de «résurrection» soient elles-mêmes en vie…!

Qu’est-ce pour l’homme qu’être chassé du Paradis? Est-ce être exilé d’un endroit terrestre? Non, il ne s’agit pas de cela: le Paradis en question est un état d’âme: le bonheur. L’homme était pleinement heureux avant de décider de se prendre en charge lui-même, de se «libérer» de Dieu. Le Créateur avait tout donné à l’homme, gratuitement. Celui-ci ne manquait de rien, ni sur les plans spirituel et psychologique comblé qu’il était par l’amour de son Créateur ni sur le plan matériel, étant comblé par l’abondance des produits de la terre. La vie était sans problème sur tous les plans. Ce qui rend la vie difficile, voire impossible par moment, ce sont les systèmes économiques introduits par des hommes avides de possession, un mode de vie nocif (vie mondaine coûteuse, boissons alcooliques, cigares, cigarettes, jeux de hasard, casinos, vêtements signés haute-couture etc.). Pourtant la terre produit calmement et constamment pour tous. Les produits sont si abondants que certains pays riches en ont en surcroît; ce surplus est détruit pour maintenir les prix élevés, au lieu d’être distribué au Tiers-monde affamé. Les trusts internationaux et les sociétés de consommation n’ont pas rendu l’homme heureux: c’est le chômage, l’inflation, l’insatisfaction dans le monde. La grande part de l’économie mondiale est consacrée aux armes destinées à la destruction… Et la terre que Dieu créa continue à donner à l’homme ce qu’elle a de meilleur… Et l’homme s’acharne à rendre la terre de moins en moins habitable et capable de le nourrir, polluée par les déchets nocifs (nucléaire et autre) dont il la sature.

De tout temps, l’homme s’entête à vouloir mener sa vie comme il l’entend, sans Dieu. Le résultat? Les riches ont tout ce que l’argent peut acheter, mais ils ne sont pas satisfaits pour autant: car l’argent ne peut acheter le bonheur et la tranquillité de la conscience. Malgré l’abondance dans laquelle ils vivent, beaucoup de riches préfèrent le suicide à la vie. C’est que leur vie est sans Dieu. L’«indépendance» de l’homme lui a rendu la vie dure et désagréable. C’est pourquoi Dieu avait dit à l’homme que la terre serait maudite «à cause de toi (par ta faute). À force de peines tu en tireras subsistance tous les jours de ta vie. À la sueur de ton front tu mangeras ton pain (à cause de ta mauvaise gérance)» (Genèse 3,17-19). L’homme a toujours tendance à se fermer aux conseils du Créateur, préférant s’entourer de conseillers humains moins efficaces. Pourtant Dieu est ce «Conseiller merveilleux» dont parle le prophète Isaïe (Isaïe 9,5).

Ainsi, l’homme fut banni du bonheur en rejetant la Source de ses propres mains. Dès lors, il vagabonde à la recherche d’un substitut au vrai bonheur, croyant le trouver tantôt dans l’argent, tantôt dans les plaisirs ou dans la vaine gloire. Le texte de la Genèse dit que «Dieu le renvoya du jardin d’Eden pour cultiver le sol» (Genèse 3,23). Si Dieu a renvoyé l’homme, c’est parce que celui-ci tenait à mener sa propre vie sans l’intervention de Dieu; qu’il aille donc s’épuiser à cultiver le sol, ce sol qui était prêt à tout lui donner sans fatigue (lis Matthieu 6,24-34). Mais l’homme a préféré se laisser engloutir par la matière.

La chute originelle eut donc deux conséquences malheureuses pour l’humanité entière:

1. La première, la plus néfaste, est d’ordre psychologique et spirituel:

L’esprit de l’homme et son âme ont chuté dans le corps, devenant soumis à la chair, insensibles, comme anesthésiés. Le choc reçu leur fit littéralement perdre conscience. L’homme perdit ainsi ses facultés spirituelles et psychologiques, devenant fragile, incapable de s’orienter par l’intérieur. Cette chute conduit à l’errance du cœur et de l’intellect; l’angoisse s’installa dans l’âme humaine. Poètes, philosophes et intellectuels de tout temps cherchèrent en vain à comprendre et à analyser les raisons de l’inquiétude humaine. Seule la Révélation divine nous éclaira.

La désobéissance de l’Homme a introduit Satan dans le subconscient de l’humanité entière. Satan obtient droit de séjour et d’intervention dans la volonté de l’homme et parle désormais au nom de celui-ci. Il se déguise en usurpant l’identité de l’homme. Ainsi, quand nous disons «je» ou «je veux», il nous faut discerner qui s’exprime. Qui est ce «je», qui parle en nous? Qui désire? Dieu, Satan ou nous-même? Là se trouve la base du discernement. Le Christ vient nous «rebrancher» sur Dieu et nous libérer du parasitage satanique. C’est pourquoi Jésus dit à ses ennemis: «Vous avez pour père le diable et ce sont les désirs de votre père que vous voulez accomplir» (Jean 8,44). Ils n’en étaient pas conscients, mais cependant bien consentants. Il est toujours salutaire de s’assurer que ce que l’on désire est en harmonie avec la volonté de Dieu, avec son plan pour la libération de l’humanité.

Tombé entièrement dans son corps, l’homme ne pouvait découvrir la vie de l’âme qu’à partir des sensations physiques, puisque la réflexion et les sentiments étaient enfermés dans le corps. L’homme vit désormais terre à terre, incapable de retrouver par lui-même et en lui-même la vie de l’âme dont il n’en ressent qu’une vague nostalgie.

Malgré cela, Dieu, par Jésus, tend la main à l’homme. Celui qui saisit cette main divine voit son âme s’élever à sa destination d’origine. Ce retour de l’âme à la vie est appelé par l’Évangile «La Première Résurrection» (Apocalypse 20,5-6 / Jean 5,25-26).

2. La deuxième conséquence est d’ordre matériel et temporel:

La vie de l’homme sur terre est rendue difficile par la faute de l’homme lui-même.

Toute l’histoire du salut humain vise à sortir l’homme du pétrin où il s’est volontairement embourbé. Il a fallu tout l’amour et le génie de Dieu, son tendre Créateur pour le sortir de son égarement par son Envoyé: Jésus.

La morale de cette histoire est qu’il ne faut pas dialoguer avec la tentation: on ne discute pas avec le diable, comme on ne joue pas avec le feu. Ne faisons pas comme Ève qui s’attardait à contempler ce qui était défendu, le trouvant bon quand Dieu avait dit qu’il donnait la mort. Croyons Dieu, même si le mal «paraît» bon à nos yeux. Que la faute d’Ève nous serve à démasquer la mort qui se présente à nous sous une forme séductrice. Faisons comme Marie, cette jeune fille au cœur pur qui mérita d’être la digne Mère du Messie, le Sauveur des hommes. Elle n’a jamais accepté d’écouter la voix séductrice du «serpent» satanique, elle l’ignora tout simplement, n’ayant d’yeux et d’oreilles que pour Dieu, ne voulant accomplir que son plan à Lui. C’est pourquoi on l’appelle la «Nouvelle Ève», la nouvelle Mère des vivants, c’est-à-dire des croyants, Elle dont les enfants fracassent le crâne du diable (Genèse 3,15).

J’ai longuement expliqué les trois premiers chapitres de la Genèse afin de t’inculquer un esprit te permettant de comprendre la Bible selon l’intention de Dieu. Méfie-toi de comprendre à la lettre les histoires que tu as lues sur la création et la chute. Recherche le sens spirituel profond à travers les allégories, sans te laisser enchaîner par le sens littéral qui ferme l’horizon de la recherche et de la compréhension. Le monde n’a pas été créé en 6 jours, ni le soleil le 4ème jour; un serpent ne s’est pas matériellement présenté à Ève: ce serpent symbolise les idées inspirées par le diable à l’homme en général, pas nécessairement à la femme, de façon subtile et tortueuse, comme un serpent, pour séduire sans être reconnu.

Par ailleurs, nous pouvons croire à la théorie de l’évolution sans cesser de croire en Dieu. Dans ce cas, Dieu aurait créé de manière évolutive. Il n’y a aucun fondement scientifique soutenant ceux qui prétendent que l’évolution démontre la non-existence de Dieu: s’il y a évolution, il y a donc «Celui» qui fait évoluer: Dieu. C’est Lui qui aura «programmé» cette évolution, comme se développe (évolue) un embryon, à partir des germes minuscules, vers la taille humaine adulte. Ceux qui croient à la théorie fixiste (c’est-à-dire que Dieu créa l’homme tel qu’il est, sans évoluer à partir d’un stade animal inférieur) et les tenants de l’évolution tombent ainsi d’accord sur le point essentiel pour la Bible: Dieu est l’unique Créateur. À la science de déterminer le mode de création!…

Maintenant, lis le chapitre 4 de la Genèse avant de poursuivre le cours.

Caïn et Abel: l’homme tue l’homme son frère (Genèse 4)

Tu viens de lire une histoire symbolique, qui révèle comment le mal s’est propagé sur terre entre l’homme et l’homme, son frère, après avoir été commis par l’homme contre Dieu, son «Père».

Cette histoire, comme celles qui l’ont précédée, est allégorique et ne doit pas être comprise à la lettre, n’étant pas arrivée exactement ainsi. Car il n’y avait sur terre littéralement parlant qu’Adam, Ève et leurs deux enfants; qui serait donc ce «premier venu» par qui Caïn craignait d’être tué (Genèse 4,15)? Il s’agit donc de générations et les noms de Caïn et d’Abel ne sont que symboliques: ils n’ont pas de réalité historique. Tous les jours Caïn tue Abel.

Pourquoi Dieu refusa-t-il l’offrande de Caïn et agréa celle d’Abel? Il y a là un enseignement que la Bible veut nous livrer. Beaucoup s’arrêtent sur le déroulement historique de ce récit, sans chercher à en découvrir la moralité.

Pour comprendre ce texte, il faut lire entre les lignes. Remarque que Caïn présenta «des produits du sol» (… n’importe lesquels… les mauvais plutôt pour s’en débarrasser… et pour en finir avec ce devoir pesant d’offrir quelque chose à Yahvé). Par contre, Abel «offrit des premiers-nés (ce qu’il avait de mieux) de son troupeau, et même de leur graisse (si précieuse à garder pour la cuisine… Mais pour Abel rien n’était trop bon pour Dieu)». Ceci veut dire que Caïn offrit à contrecœur, avec avarice et par contrainte, sans amour. Par contre, Abel offrit spontanément le meilleur, et de tout son cœur. L’on comprend alors l’attitude de Dieu. Nous agissons de même et nous refusons souvent, nous aussi, un cadeau offert par des personnes mal intentionnées.

Refuser un cadeau de quelqu’un c’est rejeter la personne qui le présente. Il faut avoir de bonnes raisons pour agir ainsi. Devant le refus de Dieu, Caïn aurait dû prendre conscience de ses propres manquements, par égard dû à la dignité de Celui à qui il voulait offrir ses dons imparfaits. Il aurait dû se ressaisir, s’excuser, puis se racheter en présentant de bon cœur une offrande agréable.

Dieu dit aux prêtres juifs par le prophète Malachie: «Vous me dédaignez… Vous amenez l’animal dérobé, le boiteux et le malade, et vous l’amenez en offrande. Puis-je l’agréer de vos mains? Maudit soit le coquin qui possède dans son troupeau un mâle qu’il a promis par vœu et qui me sacrifie une bête avariée» (Malachie 1,13-14).

Le prophète Amos dit aussi aux Juifs de la part de Dieu: «Je ne trouve à vos offrandes aucun agrément, je n’en veux pas» (Amos 5,22), puis il ajoute que l’offrande agréée de Dieu est la pratique de la bonté et de la justice (Amos 5,24). C’est parce que ces offrandes se faisaient dans l’esprit de Caïn que Dieu les refusa.

Tout ce qui est donné sans amour n’a aucune valeur aux yeux de Dieu. Jésus avait loué une femme pauvre qui n’avait mis qu’une petite pièce de monnaie dans la caisse des pauvres, jugeant qu’elle avait mis plus que les riches, ayant donné de tout cœur et de son nécessaire, non de son superflu (Luc 21,1-4). Dans ce même esprit, Paul dit que donner tout son argent aux pauvres sans donner l’amour ne sert à rien (1 Corinthiens 13,3).

Se voyant repoussé, Caïn s’en prend à son frère au lieu de se repentir. Il envenime son état, se laisse envahir par la jalousie et l’envie au point de tuer son unique frère. Et quand Dieu lui demanda des nouvelles de son frère, il répond avec arrogance: «Suis-je le gardien de mon frère?» Loin d’être son gardien, il fut son bourreau! Aussi Dieu maudit Caïn pour son crime, pour son impénitence et son impertinence.

La malédiction de Caïn est la deuxième mentionnée par la Genèse. La première malédiction divine tomba sur le diable. Caïn représente ainsi la descendance et l’image du diable sur terre. Cette descendance maudite sera l’instrument de Satan tout au long des siècles. Les enfants de la Femme, de la «Nouvelle Ève», sont appelés par Dieu à combattre et à vaincre cette descendance diabolique (Apocalypse 12,17).

Que signifie le signe que Dieu mit sur Caïn pour qu’on ne le tue pas? Il est symbolique et représente la violence dont le visage de ce fratricide est marqué à tout jamais. Son front sévère, son visage dur et son regard méchant reflètent la haine ancrée dans son âme. Ce n’est donc pas Caïn qui doit avoir peur du «premier venu», mais, au contraire, chacun aura désormais à craindre ce criminel, rien que par son aspect.

Ce sont Caïn et ses semblables qui font peur aux hommes, car si un Caïn est tué, il sera vengé par «7» autres. Caïn, chassé par Dieu, hésite à s’éloigner sous prétexte qu’on le tuera. Il désirait rester auprès de Dieu, non pour se repentir et changer de vie, mais pour être en sécurité… tout en commettant le mal. Dieu lui dit alors ce qui signifie: «Va, sors d’ici: ce n’est pas toi, criminel, qui dois avoir peur des autres; c’est plutôt toi qui fais peur à 7 autres», c’est-à-dire à une multitude (Genèse 4,15). Le chiffre 7 est symbolique: il désigne la plénitude; Jésus dit à Pierre de pardonner 77 fois 7 fois à qui se repent sincèrement, c’est-à-dire un nombre illimité de fois (Matthieu 18,21).

Caïn finit par se «retirer de la présence de Yahvé pour séjourner au pays de Nod» (Genèse 4,16). Ce pays est symbolique: Nod signifie «errance» en hébreu et symbolise la perdition de l’âme. Ce n’est donc pas un lieu géographique, mais un triste état d’âme, pire encore que celui dû au péché originel. Car pour ce genre de faute qui mérite la malédiction de Dieu il n’y a pas d’espoir de libération de l’âme: c’est le péché contre l’Esprit de Dieu pour lequel le pardon n’est pas possible, puisqu’il n’y a pas de repentir (Luc 12,10 / 1 Jean 5,16-17).

Par Caïn et ses semblables, le mal s’est propagé et aggravé dans le monde, les fils de Caïn devenant encore pire que leur père fratricide. Tel est le sens de l’histoire de Lamek (Genèse 4,19-24). Relis-la: Lamek menace ses deux épouses, Ada et Cilla, des pires représailles, extériorisant son caractère intraitable et bestial: il a tué un homme qui ne l’avait que blessé et un enfant parce qu’il l’avait frappé; car «si Caïn est vengé 7 fois, Lamek est vengé 77 fois plus…!» Après Caïn, la violence augmente, et ses descendants sont infiniment plus violents que leur ancêtre fratricide. Tu comprends mieux maintenant l’expression «être vengé 7 fois»; retiens que le symbolisme du chiffre 7 est la plénitude ou la suffisance, comme lorsque nous disons: «J’ai répété cela 100 fois…»; ce que nous voulons dire, c’est que nous avons répété tel sujet un nombre suffisant de fois pour être compris.

Dieu, voulant restaurer le bien sur terre, donne à Adam et Ève un autre fils: «Adam avait 130 ans quand il engendra un fils à sa ressemblance, comme son image» (Genèse 5,1-3). Ce nouveau fils est l’ancêtre des hommes qui doivent combattre le mal propagé par Caïn et sa descendance.

Remarque que ce nouveau fils, nommé Seth, est à l’image d’Adam, non à l’image de Dieu, déformée en Adam par sa faute. Image déformée, mais non complètement irrémédiablement détruite, comme ce fut le cas avec Caïn et Lamek. La restauration de l’image divine est donc possible dans le cas de Seth et ses semblables. Cette «chirurgie esthétique» spirituelle vise à remodeler l’aspect moral de l’homme à celui de Dieu. Elle a pour modèle la Face lumineuse de Jésus qui, à son tour, nous donne le prototype du visage agréé par Dieu, celui de Marie sa Mère. S’abandonnant à la volonté divine, Marie répondit à l’ange Gabriel lui annonçant la naissance de Jésus: «Je suis la servante du Seigneur qu’il me soit fait selon tes paroles» (Luc 1,38). Que Marie nous aide à reconquérir l’image de Dieu pour évoluer vers la perfection humaine dont la cime est de ressembler à Dieu.

Ainsi donc, après la faute d’Adam, les hommes engendrent leurs enfants à leur image, non à celle de Dieu qui était parfaite en Adam avant la chute. Tel est le triste héritage du péché originel: une image divine devenue floue, presque méconnaissable selon le cas, mais récupérable à certaines conditions. Ici réside la responsabilité des parents. Quelle image de Dieu les parents donnent-ils à leurs enfants? Quelle idée se font-ils eux-mêmes de Dieu? Ont-ils, du moins, le souci de connaître Dieu, de découvrir son vrai «Nom», son vrai visage, ce qu’Il est vraiment, pour Le révéler à leurs progénitures? Veulent-ils être de bons parents en aidant leurs enfants à évoluer ou bien les arrêtent-ils à leur propre image déformée? Autant de questions que ce texte nous invite à nous poser dans le programme de déconditionnement et de prise de conscience entrepris au début de cet itinéraire spirituel. La prière enseignée par Jésus: «Père que ton Nom soit sanctifié», prend toute son importance et signifie: «Père que je connaisse ton vrai visage, pour le refléter».

Ève nomma son nouveau fils Seth (en hébreu «Shat» signifie «Accordé»). Elle le nomma ainsi car Dieu lui a «accordé un autre fils» pour remplacer Abel. Seth est à l’image d’Adam, non de Dieu. Retiens bien son nom car les écrivains bibliques en ont fait le successeur d’Adam et l’ancêtre des «fils de Dieu» sur terre, le lignage de «la Femme» qui doit écraser la tête du serpent satanique (Genèse 3,15).

Lis le chapitre 5 de la Genèse et sois attentif aux phrases qui se répètent rythmiquement et intentionnellement: «Tel (le nom est dit) engendra un tel (le nom est dit) et (d’autres) fils et filles (dont les noms ne sont pas rapportés)». Il y a une intention à cela: ceux dont les noms sont mentionnés sont considérés comme étant les ancêtres des Juifs. Ceux qui ne sont pas mentionnés sont les ancêtres des autres peuples. Souviens-toi que donner un nom c’est donner une valeur, et s’abstenir de nommer signifie mépriser. Cette généalogie imaginaire a pour but de séparer les hommes en deux catégories: les élus qui sont nommés et les déchus qui n’ont pas de nom.

Les écrivains de la Genèse (scribes et prêtres juifs), pensaient que seuls les Juifs étaient «à l’image de Dieu». Cet arbre généalogique fut inventé par eux pour élever la dignité des Juifs au détriment de celle des Païens (goïms) de l’époque. Elle n’a donc aucune réalité historique.

Les Juifs se considèrent les uniques «fils de Dieu» sur terre, descendant directement de Seth et de sa lignée qui porte un nom. Ils se présentent comme le «peuple élu». D’après eux, les «autres fils et filles» de la lignée de Seth, ceux qui ne sont pas nommés, ne portent pas l’image de Dieu, n’étant pas à l’image de Seth et de ses descendants nommés. C’est pourquoi ils ne sont pas considérés par les Juifs comme des hommes, mais des «homoïdes», un degré moins que les hommes (les Juifs) et un degré plus que les animaux, quelque part entre le juif (qui est homme) et le singe.

L’interprétation spirituelle de cette généalogie est la suivante: les descendants «nommés» de Seth et leur lignée, représentent tous les hommes justes et bons de toutes races et nations; les autres «fils et filles» non nommés représentent la descendance méchante et homicide.

Deux noms symboliques sont à retenir dans cette généalogie fictive: Hénok et son fils Mathusalem. Hénok parce qu’il ne mourut point, mais «il disparut, car Dieu l’enleva» sans le faire passer par la mort physique à cause de sa rectitude: «Hénok marchait avec Dieu» nous dit la Genèse (Genèse 5,21-24). Remarque l’âge d’Hénok: 365 ans, le nombre des jours de l’année solaire. Un autre homme juste connut le sort d’Hénok et ne mourut pas: le prophète Élie, enlevé au Ciel vivant. Tu liras son histoire plus tard (2 Rois 2,11-13). Hénok et Élie sont deux grandes figures à connaître: ils sont devenus des symboles d’une foi ardente et courageuse. Leur enlèvement peut être compris comme un fait symbolique ou réel, il faut surtout en retenir la moralité: les croyants fidèles ne meurent pas, comme l’a enseigné Jésus (Jean 8,51). Quant à Mathusalem, il est celui qui, d’après la Genèse, a vécu le plus longtemps sur terre: 969 ans.

Ceci amène un mot sur la longévité de la vie de ces hommes. Est-elle réelle ou symbolique? Un peu des deux à la fois. Elle est réelle même si elle est exagérée, car plus le mal et le matérialisme augmentent dans le monde, plus l’homme est atteint de maladies diverses et meurt souvent en pleine jeunesse. Il est courant, par exemple, de nos jours, où la vie quotidienne exige de certains une activité stressante, de voir des jeunes mourir foudroyés par une crise cardiaque. Cigarettes et vie hyperactive raccourcissent la vie. Le rythme turbulent de la vie moderne est contraire à la nature humaine. Nos ancêtres menaient un rythme de vie plus détendu. De plus, «ils marchaient avec Dieu». L’enseignement à tirer de la longévité des ancêtres qui portaient l’image de Dieu, est la suivante: il faut marcher avec Dieu si l’on veut vivre longtemps. C’est pourquoi les écrivains sacrés rapportent que Dieu après l’accroissement du mal, décida de raccourcir «à 120 ans la vie de l’homme sur terre» (Genèse 6,3-5).

Lis Genèse 6, puis poursuis la lecture du cours.

Accroissement du mal et châtiment par le déluge (Genèse 6)

D’après Genèse 6,2 le mal a augmenté sur terre parce que «les fils de Dieu trouvèrent belles les filles des hommes qu’elles leur convenaient et ils prirent pour femmes toutes celles qu’il leur plut». Qui sont ces «fils de Dieu» et ces «filles des hommes»? Pour les scribes et les rabbins qui rédigèrent ce texte, les Juifs seuls sont «fils de Dieu» (en hébreux «béni Elohim»), de race divine. Cette mentalité fut acquise avec le temps; elle est due au fait qu’il y a 4000 ans, les Juifs étaient les seuls à croire au Dieu unique quand le reste de l’humanité était païen, polythéiste et idolâtre. Les Juifs pensaient qu’ils seraient à jamais les uniques «fils de Dieu», comme les Cananéens étaient «fils de Baal», les Grecs «fils de Zeus» et les Égyptiens «fils de Râ». Jésus bouleversa les Juifs quand il enseigna que tous ceux qui croiront en lui, de toute race et nation, deviendront fils de Dieu (Jean 1,12).

La faute des Juifs est de croire qu’ils sont les seuls dignes de Dieu. Ils voulurent Le monopoliser, se L’approprier. Dieu était uniquement leur Dieu et ne devait appartenir à aucun autre peuple. Aussi, quand les Apôtres de Jésus voulurent enseigner les Païens, les Juifs les en empêchèrent (1 Thessaloniciens 2,16). Paul s’insurgea donc contre eux disant: «Dieu est-il le Dieu des Juifs seulement, et non des Païens? Certes, également des Païens!» (Romains 3,29).

D’après les scribes et les rabbins, les Juifs, étant fils de Dieu et de race divine, ne doivent pas épouser des non-juives; ils s’abaissent en prenant pour épouses des «filles d’homme». Les enfants d’un tel mariage ne sont pas considérés juifs, car seuls sont juifs ceux qui naissent d’une mère juive. Les «fils de Dieu» ne devaient épouser que des «filles de Dieu». Ils ne devaient même pas fréquenter des non-juives par crainte d’être entraînés par elles au culte des idoles (Nombres 25,1-2).

Les mariages mixtes étaient sévèrement condamnés (Deutéronome 7,3-4 / 1 Rois 11,1-2 / Esdras 10,44 / Néhémie 10,31). Pourtant nombreux sont les exemples de mariages mixtes, mentionnés par la Bible, même parmi les rois (le roi Salomon (1 Rois 11,1-2) / le roi Achab (1 Rois 16,31)). Le livre de Ruth rapporte l’histoire de Ruth, une moabite non-juive qui épousa un Juif. Quand il mourut, elle épousa un autre Juif «Booz», et figure avec ce dernier parmi les ancêtres du Messie (Matthieu 1,5). Ceci confond la mentalité étroite et fanatique des scribes qui inventèrent des histoires de toutes pièces pour justifier leur racisme au nom de Dieu.

Genèse 6,2 ne doit pas être compris littéralement; il faut chercher son sens spirituel, que voici: les «fils de Dieu» sont ceux qui recherchent Dieu, les croyants et les hommes de bonne foi du monde entier. Jésus nous apprit que «tous les artisans de la paix seront appelés fils de Dieu» (Matthieu 5,9). Cela concerne tous les hommes, pas seulement les Juifs. Ces «fils de Dieu» (hommes ou femmes) ne doivent pas se laisser séduire par le corps et la beauté physique, mais par l’esprit de la personne à épouser. Ils doivent s’assurer que le conjoint ou la conjointe est un choix divin et sera une aide pour monter vers Dieu, non un obstacle à l’élévation de l’âme. Le mariage doit avoir pour but le rapprochement à Dieu, non l’intérêt matériel.

L’expression de «fils d’homme» ou «fils de l’homme» était comprise péjorativement et appliquée aux non-Juifs. Jésus, pour s’opposer à cet esprit chauvin, s’est appliqué ce titre (Jean 3,14) avec celui de «Fils unique de Dieu» (Jean 3,18). Il est ce «Fils de l’homme» annoncé par les prophètes (Daniel 7,13), le chef de la lignée humaine de la femme qui doit écraser la tête du serpent infernal, mais il est aussi l’unique Fils de Dieu et «il donne pouvoir à tous ceux qui croient en lui de devenir enfants de Dieu» (Jean 1,12). Par ce verset, l’Évangile nous éclaire sur le sens spirituel de Genèse 6,2, en considérant tous les vrais disciples de Jésus comme les «fils de Dieu». Dans ce sens, Paul dit: «Si vous appartenez au Christ, vous êtes la descendance d’Abraham…» (Galates 3,29). La descendance charnelle n’a pas de valeur pour Dieu.

Voyant que l’homme désire être charnel plutôt que spirituel, Dieu retire de cette créature irréfléchie son Esprit humilié. Du coup, la vie humaine est réduite à 120 ans. Cela signifie qu’on ne peut vivre longtemps sans Dieu. Il ne faut pas comprendre ces 120 ans numériquement, puisqu’il y a de saintes gens qui ne vivent pas autant, et d’autres qui vivent davantage, sans se soucier de Dieu… Ces derniers ne goûteront pas aux joies de la Vie Éternelle. Tel est l’enseignement de Genèse 6,3: avoir une longue vie signifie prendre part à la vie éternelle.

Quant aux «Néphilim» (hommes géants) dont parle Genèse 6,4, «ces héros du temps jadis», ils représentent l’homme avant la propagation du mal sur terre: c’est sa dignité qui était grande. Les hommes venus après que Dieu eut retiré son Esprit de l’humanité, paraissent comme des nains comparés à leurs ancêtres.

La grandeur de ces ancêtres «géants» était due à l’esprit de Dieu qui les inspirait, leur donnant une grandeur d’âme. C’était l’Esprit de Dieu en eux qui faisait d’eux «ces héros du temps jadis, ces hommes fameux» que furent Seth, Enosh, Hénok et Mathusalem, etc.

Ce texte de la Genèse, comme tant d’autres, ne doit donc pas être compris littéralement, il ne faut pas croire à une grandeur physique de ces géants (les «Néphilim»). Il ne faut pas, non plus, les comparer aux nains (de corps) ni à la race des pygmées qui sont capables, eux aussi, de devenir des fils de Dieu et des géants spirituels. En effet, Jésus est venu justement pour redonner à ses disciples de toute race l’Esprit de Dieu qui avait quitté une humanité indigne (Genèse 6,3). Lis Jean 14,16-17. Ce don de l’Esprit divin est accordé aux vrais croyants indépendamment de leur taille corporelle.

Le déluge (Genèse 6,5 à Genèse 7,24)

L’archéologie a découvert enseveli sous l’Atlantique un continent qu’on a nommé «l’Atlantide». Sous les eaux du Pacifique est enseveli un autre continent, celui de «Mû». Ces continents s’effondrèrent dans ces 2 océans à la suite d’un cataclysme général survenu, il y a 25 000 ans. Des traces d’une civilisation très évoluée furent découvertes dans les deux continents. Cette civilisation fut exterminée. Les rescapés en transmirent l’information aux générations suivantes et l’humanité en a ainsi gardé le souvenir.

Par ailleurs, l’archéologie nous informe encore à propos de ce cataclysme: dans des récits babyloniens pré-bibliques, il est question d’un déluge qui détruisit l’humanité. Ces récits furent écrits 2000 ans av. J.-C., donc 1000 ans avant la rédaction de la Genèse. Quand les écrivains de la Bible rédigèrent l’histoire du déluge, ils ne firent que rapporter une histoire déjà connue depuis des siècles et mise par écrit par d’autres peuples.

Les Babyloniens l’avaient rédigée en lettres «cunéiformes», c’est-à-dire en forme de clous, l’alphabet babylonien se composant de petites tiges en forme de clous, placées ensemble différemment pour chacune des lettres de l’alphabet.

Il y a une différence essentielle entre les récits babylonien et biblique: le récit babylonien dit que «Les dieux décident de détruire l’humanité à cause de ses fautes. Ea (ou ‘Enki’, un des dieux babyloniens) avertit Uta-Napishtim et lui fait fabriquer un bateau, etc.». Les rédacteurs bibliques reprirent le récit à leur compte en le monothéisant, disant: «YAHVÉ Dieu décide de détruire l’humanité à cause de la méchanceté de l’homme». Le nom d’Uta-Napishtim fut changé en «Noé» pour lui donner une consonance hébraïque.

Voici reproduit un texte du livre «Déluge et arche de Noé» par André Parrot (Édition: «Cahiers d’archéologie biblique»; 15 février 1955, p.32). Il explique comment les écrivains bibliques de la Genèse s’inspirèrent des histoires existant ailleurs, mais en les monothéisant, les purifiant ainsi de leur contenu mythologique et polythéiste, et donnant des noms hébraïques aux protagonistes:

DÉLUGE ET ARCHE DE NOÉ

Ainsi donc, le déluge marquait dans l’Histoire une coupure extrêmement nette, sans contestation aucune. Son souvenir était resté vivace aussi bien en Mésopotamie qu’en Palestine, où Jésus s’y référa au cours de son enseignement des derniers jours (Matthieu 24,37-39 / Luc 17,26-27).

En résumé, nous avons à notre disposition dans la littérature biblique et babylonienne, un ensemble de textes se rapportant à un cataclysme dévastateur dont, grâce à une «arche», une famille réussit à échapper: celle de Noé pour la Bible, celle d’Uta-Napishtim, Atrahasis, Ziusudra, Xisuthros, pour les Babyloniens. La parenté de tous ces récits est indéniable, elle saute aux yeux des moins avertis. On pourrait en faire une synopse, avec des variantes sans doute mais aussi avec un accord impressionnant quant à l’essentiel. Nous indiquons quelques rapprochements saisissants:

GENÈSE TRADITION CUNÉIFORME
Yahvé décide de détruire l’humanité à cause de la méchanceté de l’homme. Les dieux décident de détruire l’humanité à cause de ses fautes.
Yahvé avertit Noé et lui fait fabriquer un bateau. Ea (Enki) avertit Uta-Napishtim (Ziusudra) et lui fait fabriquer un bateau.
Ce bateau sera rempli d’animaux, pour que la race en soit conservée sur toute la terre. Ce bateau sera rempli d’animaux et de semence de toute vie.
Le déluge arrive. Yahvé a effacé tous les êtres qui se trouvaient à la surface du sol. Le déluge arrive. Toute l’humanité est retournée à la boue.
Noé se rend compte de la baisse des eaux en lâchant des oiseaux (corbeau, colombe). Uta-Napishtim se rend compte de la baisse des eaux en lâchant des oiseaux (colombe, hirondelle, corbeau).
Noé bâtit un autel et offre un sacrifice à Yahvé. Uta-Napishtim offre un sacrifice aux dieux.
Yahvé sentit l’odeur apaisante. Les dieux sentirent la bonne odeur.
Yahvé cesse de maudire les hommes (version J). Enlil se réconcilie avec Uta-Napishtim
Yahvé bénit Noé et ses fils (version P). Enlil bénit Uta-Napishtim et sa femme.
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Fragment d’une tablette de l’épopée de Gilgamesh

Le texte de la tradition cunéiforme (babylonien) est un extrait de la célèbre épopée de «Gilgamesh», roi légendaire qui donna son nom au récit répandu au Moyen-Orient depuis le XXVIIe siècle av. J.-C. Le thème général du récit est la recherche de l’immortalité dont le secret est de conquérir au fond de l’eau une plante qui rend la jeunesse (pense à l’arbre de vie de la Genèse). Plusieurs nations traduisirent ce récit en leur langue, on en trouve une version sumérienne et, plus récente, les versions assyrienne et babylonienne. La version assyrienne est la plus complète et compte 326 lignes, dont 200 environ sont consacrées au déluge.

Après avoir exposé un court parallélisme entre le récit de la Genèse et la version babylonienne, André Parrot conclut en disant:

«Quel est le récit qui est à la base de tous les autres? On devrait répondre: celui qui est le plus ancien, et le plus ancien est évidemment le récit babylonien (non celui de la Genèse). Cela effraie certains exégètes qui proposent une solution moyenne susceptible à leurs yeux de mieux sauvegarder la doctrine de l’inspiration: il y aurait une tradition primitive (non retrouvée) dont nous posséderions deux versions, la suméro-babylonienne d’une part, l’israélite de l’autre. Nous avouons très franchement que cette théorie ne nous satisfait que très médiocrement et nous préférons considérer que dans le récit et qu’avec le récit biblique du déluge, nous avons la version israélite d’une tradition mésopotamienne dont les originaux sur tablettes d’argile sont entre nos mains et que les conteurs bibliques ont repensé à la lumière du monothéisme. Cette tradition (orale) du déluge fut apportée, avec beaucoup d’autres, la plupart d’ailleurs des traditions des onze premiers chapitres de la Genèse, par les patriarches (Abraham, Isaac et Jacob) émigrants des pays des deux fleuves (le Tigre et l’Euphrate où les versions assyrienne et babylonienne du déluge étaient bien connues) et venant s’installer sur la terre de Canaan. Les Israélites n’ont jamais décelé que leurs ancêtres avaient à cette époque adoré ‘d’autres dieux’ (Josué 24,2), donc partagé des croyances assez éloignées de la foi yahviste. Voilà pourquoi nous avons, dans les chapitres 6 à 8 de la Genèse, le récit du déluge que les Mésopotamiens copièrent en cunéiformes, bien avant que les auteurs yahvistes (juifs) aient songé à le fixer par écrit. Extraordinaire fidélité de la tradition orale qui, en Israël, avait assuré pendant un millénaire la conservation de cette émouvante tradition».

Les conclusions de A. Parrot ne portent aucune atteinte à la «doctrine de l’inspiration» comme le craignent ceux qui sont attachés à l’interprétation littérale de la Bible. L’intention des écrivains bibliques était de répandre le monothéisme à travers les histoires polythéistes de cette époque au Moyen-Orient. Leur but était de sacraliser l’histoire humaine en la dépouillant de toute mention des dieux de la mythologie, pour ne révéler que le Dieu unique: celui d’Abraham.

J’ai longuement expliqué ces premiers chapitres de la Genèse pour te donner l’esprit avec lequel il faut les comprendre. À partir d’ici, je vais seulement signaler les points les plus importants:

Genèse 9,12-17: parle de l’Arc-en-ciel comme signe de l’alliance Éternelle entre Dieu et les hommes. Retiens bien ce symbolisme de l’arc-en-ciel car tu le retrouveras dans l’Apocalypse (10,1) autour de la tête de l’envoyé du Christ aux temps apocalyptiques; car c’est lui qui doit restaurer la vraie Alliance éternelle entre Dieu et les hommes. Cette Alliance avait été rétablie par Jésus, mais trahie par la suite par Les Chrétiens. L’envoyé apocalyptique a pour mission de la restaurer.

Genèse 9 à 10: ces chapitres présentent les 3 fils symboliques de Noé: Sem, Cham et Japhet. Cette généalogie n’a aucun fondement historique; elle fut établie par les scribes dans un but raciste favorable aux Juifs comme celle de Seth dans Genèse 5. Ainsi:

  • Canaan, ancêtre des Arabes, est maudit et relégué au rang de «dernier des esclaves», c’est-à-dire l’esclave de Sem (ancêtre des Juifs) et de Japhet (ancêtre des occidentaux). Remarque que les scribes s’empressent de maudire Canaan, non Cham son ancêtre coupable; c’est la descendance qui est surtout visée: les Palestiniens et les Arabes en général (Genèse 10,14). Cette malédiction, d’après les scribes et les rabbins, est valable pour tous les temps: aucun Palestinien, aucun Arabe, à jamais, n’en est épargné. Ils devraient être à jamais «les esclaves des esclaves», destinés à servir Sem et ses descendants ainsi que Japhet et ses descendants, ces derniers étant seulement «esclaves» au service de la descendance de Sem. Mais Canaan est «l’esclave des esclaves».
  • Point n’est besoin de mentionner que Sem fut béni! Cela va de soi, n’est-il pas l’ancêtre des Hébreux?… C’est «le Dieu de Sem» qui fut béni par Noé. Il n’est ni le Dieu de Japhet, ni celui à plus forte raison de Cham. Sem «est l’ancêtre de tous les fils d’Héber» (Genèse 10,21). Il faut comprendre ce verset d’après sa nuance hébraïque (qu’on retrouve dans la Bible hébraïque traduite en français par le rabbinat de France): «Sem, le père de toute la race d’Héber (les Hébreux)». Les Israélites, à tort, se considèrent une race. D’après eux, la bénédiction de leur ancêtre Sem passerait exclusivement à chaque individu de leur «race», faisant d’eux seuls, les «fils de Dieu», qui est uniquement le Dieu de Sem et de ses descendants: «le peuple élu». Les scribes pensaient que les autres nations ne pouvaient jamais s’approcher de Dieu. Il est exclusivement le Dieu de Sem, le Dieu des Juifs… Souviens-toi de la remarque de Paul: «Dieu est-il le Dieu des Juifs seulement? Ne l’est-il pas aussi des Païens? Certes, également des Païens» (Romains 3,29). Ici apparaît clairement la dimension universelle des enseignements de Jésus et du Nouveau Testament.
  • Japhet est mis au large, «qu’il habite dans les tentes de Sem, et que Canaan soit son esclave» (Genèse 9,27), la Bible du Rabbinat français dit: «et que Canaan soit leur esclave».

Ceci revient à dire que:

  • Les Juifs (descendants de Sem) sont les maîtres absolus du monde et des hommes.
  • Les Indo-européo-américains (descendants de Japhet) sont leurs «esclaves»; ils peuvent «habiter dans les tentes de Sem», donc cohabiter avec les Juifs, mais sans avoir droit à des possessions personnelles: ils n’habitent pas dans leurs tentes propres à eux, mais «dans les tentes de Sem» (nuance à ne pas sous-estimer!…). Ceci fait des Juifs les propriétaires incontestés de tous les biens terrestres.
  • Les Cananéens (les Arabes) sont inconditionnellement au service des deux précédentes catégories ou races. C’est pourquoi ils sont les «derniers des esclaves», puisqu’ils sont esclaves des «premiers» esclaves, les descendants de Japhet, qui sont, à leur tour, les esclaves des «sémites».

Les auteurs de cette fable généalogique n’ont pas hésité à faire de Noé le seul homme juste de l’époque qui mérita d’échapper au déluge, un ivrogne réduit à perdre ses sens au point de se dénuder ridiculement: «ayant bu du vin, il fut enivré et se dénuda à l’intérieur de sa tente…» (Genèse 9,21).

Ces élucubrations ont divisé l’humanité en une hiérarchie de trois races à l’avantage de la «race» hébraïque. Voilà pourquoi Paul nous demande de nous méfier des «fables juives» (Tite 1,14) et «d’éviter les folles recherches et les généalogies» (Tite 3,9) dont certains sont friands. Le prophète Jérémie a dénoncé la «plume mensongère des scribes» pour avoir introduit dans la Bible, au nom de Dieu, des propos étrangers à Dieu (Jérémie 8,8), Jésus s’était révolté contre les «scribes et les Pharisiens hypocrites» pour avoir détourné le sens de la Révélation divine à leurs avantages terrestres (Matthieu 23 et 15,6-7).

Nous sommes invités aujourd’hui à exorciser l’Ancien Testament de la Bible, le vidant de son contenu raciste, introduit par «la plume mensongère des scribes». Par contre, il n’y a rien à exorciser dans le Nouveau Testament qui est lui-même un exorcisme. Nous sommes appelés à être des experts de la Parole divine, des croyants qui discernent ce qui, dans la Bible, est de Dieu, et ce qui vient des hommes. Pour ne pas nous égarer, nous devons être comme les experts financiers qui reconnaissent la vraie monnaie de la fausse. Ce n’est pas difficile quand l’Esprit de Dieu nous guide. Qui connaît Dieu sait comment Il pense, ce qu’Il a dit dans la Bible… et ce qu’Il n’a jamais dit.

Exorciser la Bible est un devoir sacré!

Genèse 11: La «Tour de Babel» symbolise l’orgueil de l’homme qui veut construire toujours plus haut pour impressionner et dominer. «Tour Eiffel», «Gratte-ciel» ou «Pyramides» sont, mais dans un autre esprit, les répliques actuelles des hautes tours, les «Ziggourat», que l’on construisait autrefois à Babel.

Dieu confond la vanité des hommes par les hommes. Eux qui ne parlaient qu’une seule langue, c’est-à-dire qu’ils se comprenaient, les voilà qui ne se comprennent plus, chacun parlant son propre langage, ne voyant que son intérêt personnel. Cela signifie que l’égoïsme et l’orgueil ont divisé les hommes, chacun voulant tout posséder et être supérieur à l’autre, d’où les conflits. C’est ainsi qu’il faut comprendre l’histoire de la tour de Babel. Ce n’est donc pas le fait de construire des bâtiments hauts qui est condamnable, mais c’est l’esprit de vanité avec lequel cela se fait qui rend l’acte mauvais. Aujourd’hui, même ceux qui parlent une même langue risquent de ne plus se comprendre quand l’un veut dominer l’autre.

Les vrais disciples du Christ ont l’Esprit de Dieu qui unit les enfants de Dieu. Ceux-ci se comprennent entre eux, même s’ils parlent chacun une langue différente. Car unique est le langage de l’amour qui se comprend par un regard, un geste ou un sourire. À la Pentecôte, lorsque l’Esprit Saint fut donné aux Apôtres, ceux-ci étonnaient les étrangers qui les comprenaient chacun dans sa propre langue: «Ces hommes (les Apôtres) qui parlent, ne sont-ils pas tous des Galiléens? Comment se fait-il alors que chacun de nous les entende dans sa langue maternelle?» (Actes 2,7). C’est parce que l’Esprit de Jésus était là pour restaurer ce que l’orgueil humain avait détruit. La Pentecôte guérit la plaie de la Tour de Babel.

Genèse 11 se termine par une généalogie qui vise à relier, coûte que coûte, Abraham à Sem. Le but de cette «généalogie» est le suivant: présenter les Hébreux comme existant sur terre dès avant Abraham pour faire croire que Dieu, en choisissant Abraham, choisit une race, celle de «Sem», l’ancêtre de «Heber», personnage imaginaire, supposé être l’ancêtre des Hébreux, les «fils de Heber» (Genèse 10,21 et Genèse 11,10-26). Ceci ferait des Hébreux le «peuple élu». J’explique au début de la 3ème leçon pourquoi il est faux de croire qu’Abraham est d’une lignée «hébraïque».

Genèse 11,27-32 présente la famille d’Abraham: Térah, son père, ses deux frères: Nahor et Harân (mort laissant son fils Lot à Abraham) et Saraï, sa femme qui était aussi sa demi-sœur. Ils habitaient à «Ur», grande ville de l’époque (au sud de l’Irak), puis émigrèrent à Harân, au nord de la Syrie, où Dieu apparut à Abram.

Ici se termine l’étude des 11 premiers chapitres de la Genèse.

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Ziggourat mésopotamien
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