I.Shammout |
Un problème de conscience se pose aujourd’hui à certains Chrétiens à propos de l’actuel État d’Israël. Les uns, sensibilisés par «l’holocauste hitlérien», se sont empressés de le reconnaître; d’autres – le petit nombre – refusent de reconnaître la légitimité d’Israël pour deux raisons:
1. Parce qu’ils sont sensibilisés par l’injustice que subit le peuple palestinien, chassé de sa terre par la violence.
2. Pour des motifs se rapportant à la foi en Jésus et au témoignage qui Lui est dû.
Le sujet de cette étude étant délicat, et pouvant susciter des sensibilités, il faut, avant de l’aborder, dire que ce n’est pas dans un esprit «antisémite» que le problème est traité, mais dans un esprit de justice sociale et religieuse. Nous sommes pour la liberté religieuse pour tous et partout, même en Israël où nous souhaitons que soient rapatriés les millions de Palestiniens exilés – Musulmans et Chrétiens – que les autorités israéliennes refusent de réintégrer, parce qu’ils ne sont pas juifs. N’est-ce pas là un racisme?!
Pour clarifier le problème, il faut se poser la question suivante: «Pour un Chrétien, qu’est-ce que reconnaître l’État d’Israël?».
Est-ce reconnaître le fait accompli de sa présence, ou admettre la légitimité de cette présence en Palestine aujourd’hui?
Pour ce qui est du fait accompli, qui est un phénomène historique, on ne peut que constater l’existence, en Palestine, depuis 1948 seulement, d’une entité politique que les Nations Unies, une institution laïque, acceptèrent de reconnaître comme l’État d’Israël.
Mais qu’en est-il de la légitimité de cette présence israélienne sur le sol palestinien?
Par exemple: Un homme détient un objet usurpé; nous reconnaissons que l’objet est en sa possession; mais pouvons-nous, sans commettre une grave injustice, approuver le fait en lui reconnaissant la légitimité de cette possession?
Ainsi, le problème de conscience qui se pose est le suivant: «Pouvons-nous reconnaître la légitimité de L’État d’Israël en Palestine»?
Quand on parle de la légitimité d’un État, on se réfère à un droit historique sur un territoire donné. Dans le seul cas d’Israël, on évoque un droit biblique. Nous parlerons donc de la légitimité historique et biblique d’Israël.
La légitimité historique
Il ne se trouve aucun argument historique suffisamment valable pour justifier, aux XXe et XXI siècles, un État israélien en Palestine, celle-ci appartenant à ses citoyens palestiniens au même titre que tout autre pays est la propriété des siens. Des millions de Palestiniens réclament leur droit historique légitime sur la Palestine. Ces droits sont pré-bibliques et la Bible mentionne la Palestine et les Palestiniens. Les guerres des Palestiniens contre les envahisseurs juifs sont notoires (1 Samuel 28).
Avant la venue du Christ, les Juifs essayèrent souvent de former un État en Palestine. Celui-ci prit la forme d’un royaume vers l’an 1000 av. J.-C. Mais ce royaume se divisa en deux, moins d’un siècle après: un royaume du Nord en Samarie, et un autre au Sud en Judée, qui disparurent l’un et l’autre. Le premier fut détruit en 722 av. J.-C., soit 200 ans après sa formation par l’invasion assyrienne, et le second en 586 av. J.-C., soit 400 ans environ après sa formation, détruit par les Babyloniens qui exilèrent les Juifs à Babylone.
Ce n’est qu’au Ier siècle av. J.-C., que le royaume juif se reconstitua sous l’Empire Romain, avec le roi Hérode le Grand en l’an 37 av. J.-C. Mais ce royaume fut de nouveau détruit par les troupes romaines de Titus en l’an 70 après J.-C. Les Juifs fuirent alors la Palestine vers les quatre coins du monde. Mais les Palestiniens demeurèrent en Palestine.
Deux mille ans plus tard, en 1948, un État d’Israël réapparaît en Palestine, réclamant des droits sur le pays au détriment des Palestiniens qui y avaient toujours vécu. Les Juifs qui affluèrent en Terre Sainte des quatre coins du monde, en chassèrent les Palestiniens par la violence. Ceux-ci durent quitter leurs foyers dans des conditions tragiques pour vivre en exil dans les pays arabes sous des tentes et dans des bidonvilles. Les grandes puissances aidèrent les Juifs à s’installer en Palestine, et reconnurent l’État hébreu un quart d’heure après sa proclamation le 14 mai 1948, comme si la Palestine et les Palestiniens n’existaient pas.
Or les preuves historiques de leur existence abondent (bibliques: Nombres 13,21-23, preuves sociales, culturelles, folkloriques, archéologiques: monnaie palestinienne ancienne et contemporaine, etc.).
Il faut constater que ceux qui soutiennent Israël se sentent, en général, coupables vis-à-vis des Juifs; ils optèrent donc pour les loger en Palestine. Mais est-ce faire justice que donner aux uns ce qui est arraché aux autres? Peut-on disposer du bien d’autrui? Un Américain, un Anglais ou un Français par exemple ont-ils le droit de disposer d’une terre palestinienne qui ne leur appartient pas?
Une question: Pourquoi ceux qui veulent satisfaire leur conscience en plaçant les Juifs dans une patrie, ne leur ont-ils pas donné une partie de leur propre terre d’Europe ou d’Amérique puisqu’ils peuvent en disposer?
À quoi l’on répond en général en évoquant une légitimité biblique: les Israéliens auraient un droit biblique sur la Palestine. Nous voici ainsi transférés du plan historique, au plan biblique, et le plus souvent par des personnes qui ignorent tout de la Bible.
C’est donc en tant que Chrétiens que les Juifs nous demandent de leur reconnaître un droit biblique sur la Palestine. Aujourd’hui, le peuple du Christ Jésus est sollicité pour rendre un témoignage favorable à ceux qui renient Jésus. Et ce au nom de la Bible. Telle est l’épreuve de fidélité prédite par le Christ pour la fin des Temps. Le Vatican lui-même y échoua.
Car le judaïsme n’est ni une race ni une terre géographique mais une religion qui a trouvé son achèvement parfait dans le Christ Jésus. Pour un Chrétien, il est aussi absurde de reconnaître un État juif pour les Juifs qu’un État chrétien pour les Chrétiens.
La légitimité biblique
Beaucoup de Chrétiens soutiennent l’État d’Israël croyant de bonne foi aider le «peuple élu» sur sa «terre promise». Il nous est donc paru important de rappeler ce que signifient, à la lumière de l’Évangile, les notions de Terre Promise et de Peuple Élu.
La Terre Promise
La Palestine n’est pas une terre promise par la Bible aux Israéliens d’aujourd’hui, pour les deux raisons suivantes:
- La Terre Promise est le symbole d’une réalité spirituelle.
- Elle fut promise sous condition.
La Terre Promise est spirituelle
Dieu promit à Abraham et à ses descendants une Terre. La notion de cette Terre Promise, telle que voulue par Dieu, fut expliquée au long des siècles par la Bible, pour apparaître enfin comme une réalité spirituelle, non géographique. C’est pourquoi Saint Paul dit: «Par la foi, Abraham vint séjourner dans la terre promise comme en pays étranger, y vivant sous des tentes, ainsi qu’Isaac et Jacob, héritiers avec lui de la même promesse. C’est qu’il attendait la ville pourvue de fondations dont Dieu est l’Architecte et le Constructeur» (Hébreux 11,9).
La spiritualité de la Terre a déjà ses racines dans l’Ancien Testament. Ainsi la tribu de Lévi ne possédait pas de terre, Dieu étant Lui-même son partage. La Bible dit en effet:
«Moïse ne donna pas d’héritage à la tribu de Lévi; c’est Yahvé le Dieu d’Israël qui est son héritage.» (Josué 13,14 et 33)
Par ailleurs le Psaume 37 (36) dit que ce sont les doux et les justes qui posséderont la terre, et il n’est pas dit que tous les Israéliens en Palestine soient doux et justes; ces vertus peuvent se trouver partout. Enfin, Jésus expliqua ce fait en disant que le «Royaume de Dieu» n’est pas une entité visible, mais qu’il se trouve dans le coeur de l’homme. Aux Pharisiens qui lui demandèrent quand devait apparaître le Royaume de Dieu qui, pour eux, signifiait l’empire sioniste universel, Jésus répondit:
«La venue du Royaume de Dieu ne se laisse pas observer, et l’on ne saurait dire: le voici! le voilà! Car, sachez-le, le Royaume de Dieu est en vous.» (Luc 17,20)
Il se trouve aujourd’hui, au sein même du Judaïsme, des rabbins qui soulignent la dimension spirituelle de la Terre Promise. Ainsi ce commentaire du grand rabbin Jonathan Eybeschutz: «Il est écrit: ‘Et vous demeurerez dans le pays que J’ai donné à vos ancêtres’ (Ézéchiel 36,28). L’Éternel avait promis à Abraham de lui donner la terre de Canaan, mais quand Sarah est morte, il ne possédait même pas un terrain pour l’enterrer. Comment donc la promesse a-t-elle été accomplie? C’est qu’il y a deux terres qui portent le nom d’Israël: Il y a la terre d’Israël d’En Haut, et il y a la terre d’Israël d’en bas. La terre Sainte est la Terre Céleste où il y a le Palais divin, d’où se déversent les sources de la Sagesse. C’est cette terre spirituelle qui a été promise et donnée à nos ancêtres, et non la terre matérielle.» («Le Royaume de Dieu et le royaume de César» par le rabbin Emmanuel Lévyne. Éditions «Le Réveil», Beyrouth).
Quant aux descendants d’Abraham, les héritiers de la Terre Promise, cela est aussi une notion spirituelle. Un Chrétien ne doit pas les chercher dans une généalogie historique et ethnique qui passerait l’héritage de père en fils, mais selon la foi au messianisme de Jésus. Saint Paul dit en effet: «Si vous êtes au Christ, vous êtes donc la postérité d’Abraham, héritiers selon la promesse» (Galates 3,29).
Ainsi pour un Chrétien, tout Juif qui refuse de reconnaître Jésus comme le Messie et en attend un autre, ne doit pas être considéré comme descendant d’Abraham, ni héritier de la Terre promise, qu’elle soit spirituelle ou matérielle.
La promesse est conditionnelle
Dieu déshérita les Juifs avant même la venue de Jésus-Christ car la terre fut promise à condition de fidélité à l’Alliance; cette condition n’a pas été respectée; l’Alliance fut ainsi rompue par les Juifs; Dieu annonça alors une Nouvelle Alliance, celle établie par Jésus, que les Juifs refusent toujours.
La condition
À supposer que la Terre Promise soit un lieu géographique, il ne faut pas oublier alors que la promesse fut faite sous condition. En effet, Moïse avait dit aux Juifs: «Si tu n’as soin d’observer toutes les paroles de cette Loi… Dieu donnera une gravité insigne à tes plaies et à celle de ta postérité…»
La conjonction «si» démontre que la promesse est conditionnelle. Moïse poursuit en disant: «Parce que tu n’auras pas obéi à la voix de Yahvé ton Dieu, alors autant le Seigneur s’était plu à vous combler de ses bienfaits… autant il se plaira à consommer votre perte, à vous anéantir, et vous serez arrachés de ce sol dont vous allez prendre possession» (Deutéronome 28,58-63).
Il est donc clair qu’en cas de trahison, non seulement il n’est plus question de terre, mais de châtiments pénibles et d’expulsion de cette terre, pour les Juifs et leurs descendants. Tels sont les termes de l’Alliance.
L’Alliance rompue
Les Juifs ne respectèrent pas les conditions de l’Alliance. La Bible dit franchement qu’ils ont trahi Dieu en adorant les idoles des pays voisins, et en leur offrant même leurs enfants en sacrifices, imitant ainsi les coutumes païennes. (Voir 1 Rois 16,30-34 / Jérémie 7,30-32). De même le Psaume 106 (105) dresse le bilan des infidélités du peuple juif: «Ils se sont révoltés contre le Très Haut… Ils fabriquèrent aussi un veau (d’or) en Horeb… Ils s’attachèrent à Baal… Ils imitèrent les Païens et se firent les serviteurs de leurs idoles… Ils sacrifièrent leurs fils et leurs filles, qu’ils immolaient aux idoles de Canaan».
C’est pourquoi Dieu, parlant par les prophètes, a fulminé sa colère contre Israël:
«Écoutez donc ceci, chefs de la maison d’Israël, vous qui exécrez la justice et qui tordez tout ce qui est droit, vous qui construisez Sion avec le sang et Jérusalem avec le crime en disant: Yahvé n’est-il pas au milieu de nous?… Par votre faute Sion deviendra une terre de labour, et Jérusalem une ruine…» (Michée 3,9-12).
Dieu dit encore dans le livre d’Isaïe: «J’ai élevé des enfants, je les ai vus grandir, et eux se sont insurgés contre moi. Un boeuf connaît son possesseur, un âne la crèche de son maître: Israël ne connaît rien… Oh! nation pécheresse, peuple chargé d’iniquités, race de malfaiteurs, enfants dégénérés! Ils ont abandonné le Seigneur» (Isaïe 1,2-4).
Rupture et Nouvelle Alliance
Après avoir dénoncé l’infidélité d’Israël, Dieu déclara par Jérémie la rupture de l’Alliance par les Juifs. Il annonça la venue d’une Nouvelle Alliance, qui ne sera pas comme la première, puisque la part du croyant n’est pas une terre, mais Dieu Lui-même: «Voici, des jours vont venir, dit le Seigneur, où je conclurai avec la maison d’Israël une Alliance Nouvelle, qui ne sera pas comme l’Alliance que j’ai conclue avec leurs pères… Alliance qu’ils ont rompue, eux… Mais voici quelle Alliance je conclurai… Je ferai pénétrer ma loi en eux, c’est dans leurs coeurs que je l’inscrirai; Alors je serai leur Dieu et ils seront mon peuple» (Jérémie 31,31-33).
Il est évident que cette Nouvelle Alliance diffère de la première, puisqu’elle «ne sera pas comme elle». Une des différences réside dans le fait qu’elle ne promet aucune terre géographique, mais qu’en revanche c’est Dieu qui se donne à tous ceux qui croient en Jésus, Fondateur de la Nouvelle Alliance.
Les Juifs refusent encore l’Alliance du Christ parce qu’elle ne leur promet aucune terre géographique, ni ne leur accorde le «privilège» d’établir l’empire sioniste mondial qu’ils souhaitent.
Le peuple élu
L’élection divine n’a jamais eu pour objet un peuple hébreu tout fait comme certains le pensent encore, le choix de Dieu s’étant arrêté sur un homme, Abraham le Syrien, et non sur une nation juive qui n’existait pas avant Abraham. Il est donc faux de croire que le judaïsme est une race; c’est pourquoi la Bible rappelle aux Juifs que leur ancêtre Abraham est araméen, c’est-à-dire un Syrien. Moïse insiste sur ce point quand il dit aux Juifs: «Tu prononceras ces paroles devant Yahvé ton Dieu: Mon père (Abraham) était un Araméen…» (Deutéronome 26,5).
Le but du choix d’Abraham était de former un milieu social pour accueillir le Messie. Le but n’était donc pas le peuple, mais le Christ qui est «venu chez les siens, mais les siens ne l’ont pas reçu» (Jean 1,11).
Mais à tous ceux qui ont reçu Jésus comme Messie, indépendamment de leur race, Il leur «a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu» (Jean 1,12), et de former ainsi le peuple universel de Dieu. D’après l’Évangile, le peuple de Dieu est celui de Jésus.
Autrefois, Jésus dit aux Juifs:
«Si vous ne croyez pas que Je suis (le Christ), vous mourrez dans vos péchés» et encore: «Si Dieu était votre Père vous M’aimeriez…». Il leur déclara enfin: «Vous avez pour père le diable, et ce sont les désirs de votre père que vous voulez accomplir» (Jean 8,24-44).
Aujourd’hui, que leur disent les Chrétiens?… «Vous êtes nos frères aînés», leur a dit le Pape Jean-Paul II à la synagogue de Rome. Comment un disciple de Jésus et son négateur peuvent-ils être des frères?
«Si quelqu’un vient à vous sans apporter cette doctrine, ne le recevez pas chez vous et abstenez-vous de le saluer. Celui qui le salue participe à ses oeuvres mauvaises» (2 Jean 10-11).
Pour Jésus, dont nous sommes les témoins, le vrai Juif c’est le disciple de Jésus. Dans l’Apocalypse, Jésus ne dénonce-t-il pas les Juifs comme «usurpateurs du titre de Juifs, une synagogue de Satan plutôt?» (Apocalypse 2,9 et 3,9).
C’est pourquoi Saint Paul dit: «Si vous appartenez au Christ, vous êtes donc la descendance d’Abraham» (Galates 3,29). Il invite donc les Juifs à croire en Jésus pour être «greffés» sur le peuple de Dieu (Romains 11,23).
Il n’est donc pas question de repousser les Juifs en tant que personnes, mais Israël en tant qu’État. Les Juifs, au contraire, sont invités à suivre Jésus pour faire partie du peuple de Dieu. L’Amour et la Vérité nous incitent à ne pas les enfoncer dans leur erreur, en les laissant croire qu’ils sont encore le Peuple Élu, de retour sur sa Terre Promise.
Car nous devons comprendre que les Juifs, qui continuent de nier que Jésus est le Christ, portent la caractéristique spécifique de l’Antichrist annoncé par St Jean: «Qui est le Menteur, sinon celui qui nie que Jésus soit le Christ? Le voilà l’Antichrist» (1 Jean 2,22).
Tous les Chrétiens et tous les Musulmans reconnaissent que Jésus est le Christ. Nous trouvons des disciples de Jésus même dans le bouddhisme et l’hindouisme. Gandhi parlait souvent de son admiration pour Jésus, et ne cachait pas sa déception des Chrétiens: «Donnez-moi Jésus, et gardez pour vous les Chrétiens», avait-il dit.
La prophétie de Jean sur l’Antichrist ne peut pas être appliquée sur ceux qui reconnaissent que Jésus est le Christ, mais sur ceux qui refusent son messianisme. Cette caractéristique ne s’applique qu’aux Juifs qui, explicitement, renient Jésus et attendent un autre Messie. Ils sont l’Antichrist.
Il ne faut pas s’étonner du fait que les Juifs qui ne croient pas en Jésus, ne soient pas le peuple élu. Jésus avait dit à propos d’un officier romain qui manifestait sa foi en Lui:
«En vérité, je vous le dis, chez personne en Israël je n’ai trouvé une telle foi. Eh bien! je vous dis que beaucoup viendront du levant et du couchant prendre place au festin avec Abraham, Isaac et Jacob dans le Royaume des Cieux, tandis que les sujets du royaume (d’Israël) seront jetés dehors dans les ténèbres: là seront les pleurs et les grincements de dents» (Matthieu 8,11).
L’opposition entre le Royaume de Dieu et celui d’Israël est le centre du litige entre Jésus et les Juifs; cette opposition est manifeste dans les paroles du Christ, lorsqu’il dénonça les sujets du royaume d’Israël, et les vouant aux ténèbres extérieures (Matthieu 8,11).
Ainsi, avec la venue de Jésus, le concept de peuple élu s’est transformé d’une notion tribale et chauvine, en une notion universelle. C’est pourquoi Jésus condamne les «sujets du royaume» d’Israël qui ont voulu comprendre le Judaïsme d’une manière nationaliste: «Vous avez pour père le diable et ce sont les désirs de votre père que vous voulez accomplir» (Jean 8,44). Ceux qui ont pour père le diable, ne peuvent pas être les «frères aînés» de ceux qui ont Jésus pour Père.
C’est aussi pourquoi Jésus a toujours refusé d’être le roi d’un Empire sioniste: «Mon Royaume n’est pas de ce monde», avait-il dit (Jean 18,36). (Voir le texte: «Le drame de Jésus»).
Les prophètes avaient déjà étendu l’élection aux peuples de toute race. Isaïe, huit siècles av. J.-C., n’avait-il pas proclamé cet oracle de Dieu: «Et Moi, Je vais rassembler les nations de toutes les langues… et de certains d’entre eux je me ferai des prêtres et des lévites, dit Yahvé» (Isaïe 66,18-21). Ainsi, le choix de ministres du culte parmi les nations non juives, tel que le pratiquent les Chrétiens, est une preuve de l’authenticité du sacerdoce universel de Jésus.
Que conclure donc?
St Paul répond: «Que conclure? Ce que recherche Israël il ne l’a pas atteint; mais ceux-là l’ont atteint qui ont été élus» (Romains 11,7).
Or sont élus les disciples de Jésus.
Israël signe des temps
Puisque les Juifs qui sont réunis aujourd’hui en Palestine des quatre coins du monde ne sont pas le Peuple Élu sur sa Terre Promise, que signifie donc la réapparition d’Israël?
C’est un signe des temps.
On parle souvent des signes des temps, sans préciser de quels temps il s’agit. Cette expression évoque la «fin des temps».
Parlant de ces temps, Jésus avait dit: «Jérusalem sera foulée aux pieds par des Païens (les Israéliens) jusqu’à ce que soit révolu le temps des Païens» (Luc 21,24). Israël incarne donc le paganisme par son refus du Christ.
Après la venue du Christ Jésus, les Païens sont donc ceux qui renient que Jésus soit le Christ; ils sont le symbole du paganisme dans ses diverses manifestations, l’Antichrist par excellence.
Quand les Juifs défendirent aux Apôtres de parler de Jésus, ceux-ci, en priant, dirent à Dieu: «C’est une ligue en vérité qu’Hérode et Ponce Pilate avec les nations païennes et les peuples d’Israël ont formée dans cette ville contre ton Saint Serviteur, Jésus, que Tu as oint» (Actes 4,27).
La parole «contre» révèle l’esprit de l’Anti-Christ qui réside dans «les peuples (goyims) d’Israël», «les peuples» ayant le sens de «Païens d’Israël». (Voir le texte: «L’Antichrist hier et aujourd’hui»).
Les Juifs veulent faire croire que leur retour en Palestine est un «grand signe» et le prodigieux accomplissement des prophéties de l’Ancien Testament. Or nous savons que les prophéties en question concernent le retour des Juifs de l’exil babylonien, au VIe siècle av. J.-C. Ne nous laissons pas abuser.
Car c’est plutôt le temps de comprendre les prophéties du Nouveau Testament qui nous parlent de la fin des Païens. Nous pourrons ainsi comprendre qui sont ces Païens. Jésus nous avait dit que «l’abomination de la désolation serait dans les Lieux Saints» (Matthieu 24,15). Par ailleurs, l’Apocalypse révèle encore que l’Antichrist rassemblera ses hommes dans les lieux saints, en Palestine, et notamment dans la Cité, bien-aimée, Jérusalem, où ils sont rassemblés par Satan, et non pas par Dieu, des quatre coins de la terre, pour la guerre non pour la paix (Apocalypse 20,7-9). (Voir le texte: «La Clé de l’Apocalypse»).
L’attitude de tout vrai Chrétien
Quelle doit être enfin l’attitude du Chrétien attaché au Christ Jésus envers l’actuel État d’Israël?
C’est le moment de méditer, pour les mettre en pratique, ces paroles que l’Apocalypse adresse à ceux qui se veulent encore les témoins de Jésus:
«Il te faut de nouveau prophétiser contre une foule de peuples…» (Apocalypse 10,11)
Si le Seigneur commande à ses Apôtres, en ces temps apocalyptiques, de prophétiser «de nouveau», c’est que la plupart d’entre eux se seront laissés séduire par l’Antichrist qu’ils n’auront pas reconnu. Au lieu de le dénoncer, ils établissent avec lui de bons rapports. L’Apocalypse vient donc leur rappeler leur devoir d’Apôtres et de témoins de Jésus; après avoir gardé le silence, ils doivent, aujourd’hui, témoigner, de nouveau, contre son ennemi: Israël.
Quand le Christ vint, les siens ne L’ont pas reçu. Aujourd’hui «les siens» reçoivent l’Antichrist…
Aucun Chrétien ne peut reconnaître la légitimité d’un État juif en Palestine sans se renier comme chrétien, car ce serait admettre implicitement que les disciples de Jésus ne sont pas l’Israël prophétique et que Jésus n’est pas le Christ. Jésus avait dit: «Nul ne peut servir deux maîtres»; on ne peut servir le Royaume de Jésus et celui d’Israël à la fois, on ne peut sauvegarder le témoignage au Messianisme de Jésus sans dénoncer le faux messianisme d’Israël. Les Juifs le savent et les Chrétiens l’ignorent.
En matière si importante, la neutralité ou le silence dénotent la tiédeur: «Tu n’es ni froid ni chaud, que n’es-tu l’un ou l’autre! Ainsi, puisque te voilà tiède, je vais te vomir de ma bouche», dit le Seigneur dans l’Apocalypse 3,15.
Un choix doit donc être fait, et nous serons jugés d’après notre engagement: ce n’est pas en reconnaissant Israël que le Chrétien reste fidèle à son témoignage, mais en invitant les Juifs à reconnaître Jésus.
Pierre (1978)